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20 juin 2010 7 20 /06 /juin /2010 12:17

Décidément, les jeunes générations n'ont plus besoin de cours d'école pour apprendre des insultes. Un petit tour sur les JT ou les radio d'infos et on a tout ce qu'il faut pour enrichir son vocabulaire.

Et là, je vous avoue mon grand raz-le-bol ! À l'époque du "Casse-toi, pauv'con !" j'avais pris la défense de notre président auprès de mon entourage. Pourquoi ? Parce que j'aime comprendre avant de juger. Il faut imaginer la chaleur, le bruit, la pression sur les épaules d'un président tout fraîchement élu au milieu de gens qui ne lui sont pas forcément tous acquis. Ça pousse du coude, y a des mains partout, on essaie de sourire, de se faire bien voir, on a la tête qui bourdonne et, au milieu, un type venu là juste pour vous insulter "Touche-moi pas, tu me salis." [edit suite au commentaire de Lucie : à moins que la personne n'ait pas approché Sarkozy volontairement et qu'elle ait été entraînée là contre son gré. Ce n'est pas l'impression que m'a donnée la vidéo mais je peux me tromper, je n'ai jamais été à un salon de l'agriculture] L'insulte est certes mieux tournée, mais tout aussi dure (voire plus) qu'un "Casse-toi, pauvre con" qui ne traduit, après tout, qu'une pensée logique : "Si tu ne veux pas me toucher, qu'est-ce que tu fais là ?" Toute la différence c'est que le gars venu pour insulter a eu tout le temps de réfléchir à sa tournure, le président, non [re-edit suite au commentaire de Lucie : ou peut-être que l'homme en question n'avait rien préparé du tout, le fait est qu'il y a insulte au départ, à mon avis. Une opinion que l'homme a le droit d'exprimer, mais dans ce cas, celui qui est visé a le droit d'y répondre... même s'il aurait pu le faire avec plus de grâce]. Il réagit à chaud et comme tout humain, ce n'est pas forcément brillant. Ok, d'autres, comme De Gaulle ont réagi aux insultes avec plus de classe. Mais chacun est comme il est et je juge un président avant tout à sa capacité à gouverner.

J'ai été désolée de cet incident qui n'était guère glorieux pour notre image internationale. Mais voilà, ça arrive, c'est la vie. De plus, l'ampleur de l'histoire ne vient pas de la phrase irréfléchie de notre président, mais du relais qui lui a été fait par des gens qui, eux, avaient tout le temps de réfléchir aux conséquences. J'aurais trouvé judicieux que notre président s'excuse, pas forcément à l'égard de cet homme en particulier, mais plutôt pour des paroles qui n'auraient pas dû franchir sa bouche présidentielle. Il a préféré ne pas le faire, bon. De là à exiger sa démission... je pense qu'il y a des choses plus importantes.

Donc, forcément, comment voulez-vous que je réagisse quand les insultes sortent de la bouche d'un joueur de foot, en plein match tendu, gavé d'adrénaline jusqu'au bout des nerfs... ? Et surtout comment voulez-vous que je réagisse quand le même président trouve les paroles du joueur indignes et appelle à des sanctions exemplaires ? En dehors même de Sarkozy, chacun d'entre nous n'est-il pas capable de savoir qu'il y a des moments où on perd son self-control et où on dit des choses qu'on ne devrait pas ?

Alors on parle de l'exemple déplorable à l'égard des jeunes générations, mais en quoi Anelka est-il responsable de la sortie de ces paroles du vestiaire où elles auraient dû rester ? Et surtout de l'étalage en première page d'un journal, là où n'importe qui peut les lire ?

La première chose qui m'a choquée dans cette affaire, c'est la négation complète de la présomption d'innocence. Autant dans l'affaire du salon de l'agriculture, les propos de notre président étaient avérérés. Autant cette fois-ci, nous avions un accusé qui niait, une victime qui ne s'exprimait pas et un capitaine qui assurait que de tels propos n'avaient pas été tenus. Et, en face, un témoignage anonyme (plusieurs selon l'Équipe, mais toujours anonymes). Et tout le monde a réagi à l'information telle quelle. Ces propos étaient tout simplement inacceptables et exigeaient le renvoi du joueur, voire l'impossibilité définitive de réenfiler le maillot des bleus. Mais qui peut assurer que ces mots avaient bien été dits ?

Aujourd'hui, le sélectionneur de l'équipe sort de son silence et confirme ce que j'ai toujours pensé, à savoir que nous autres quidam qui lisons les journaux ou écoutons les infos n'avons aucune idée de ce qui se passe dans un vestiaire et du type de mots qui y sont échangés. Que croyez-vous donc que les entraineurs crient à leur joueur depuis leur banc quand ceux-ci se montrent nuls ? Regardez bien leur expression (pour ceux qui s'expriment, pas comme Domenech et d'autres), est-ce que vous trouvez vraiment qu'ils ont l'air de gars en train de dire "Eh, s'il-te-plaît, machin, voudrais-tu bien faire montre d'un peu plus d'énergie ?"

À mon avis, le registre de langage tenu entre les joueurs et leur sélectionneur n'est pas d'un niveau qui nous est habituel. D'ailleurs, malgré l'insistance des journalistes à faire dire à Thierry Henry que lui-même n'avait jamais insulté un entraîneur, celui-ci est resté plus qu'évasif.

Au final, Domenech nous explique que le joueur a marmonné ses insultes dans son coin. Donc, fort probablement sur un ton qui ne permettait pas à la personne visée de l'entendre clairement (d'où l'absence de confirmation ou d'infirmation de l'intéressé). Seuls des joueurs dans l'environnement immédiat de l'attaquant de Chelsea ont pu entendre et répéter ses propos. Très sincèrement pour moi, cela dénote d'un mentalité de m... [je pèse mes mots pour ne pas être virée de mon rôle de bloggueuse]. Marmonner des insultes parce qu'on vient de se faire secouer les puces n'est pas un crime, ni même un mauvais exemple pour la jeunesse qui n'a de toute façon rien à faire dans un vestiaire privé à la mi-temps d'un match tendu. C'est juste humain. Mais être humain est-il un droit que nous laissons aux personnalités publiques ?

Personnellement, je n'aime pas entendre mes ministres traîter leurs adversaires politiques de "salope", pas plus que je n'aime lire des "fils de pute" en Une des journaux. Mais je pense aussi qu'il y a un moment où "l'information" doit savoir s'arrêter. J'aime le foot et je n'ai pas aimé du tout les "performances" de l'équipe de France dans ce Mondial. Je n'ai rien contre le fait qu'on dise la vérité sur les incompétences de l'un ou de l'autre. Pour le salaire qu'ils touchent, mouiller le maillot et faire quelques efforts pour laisser leur ego au vestiaire, me paraît un minimum. De là à bruler un joueur en place publique pour quelque chose qui ne nous regarde pas, il y a un pas à ne pas franchir.

Je pense que c'est à nous, public, de voir le genre d'informations que nous "consommons", de voir sur quoi nous voulons juger les gens : sur leurs compétences de ministre, président, joueur de foot ou sur leurs pensées intimes et leurs propos privés.


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30 mai 2010 7 30 /05 /mai /2010 11:29

Je m'étais promis de faire sur le sujet un billet un peu plus sérieux que celui-ci, et à force de voir des pubs pour les régimes et d'en entendre parler, j'ai décidé de me lancer. Aucun rapport avec la littérature, me direz-vous ? Ça reste à voir. Quand on voit la place (si précieuse et si chère) que prennent sur les étagères des libraires les dernières recettes miracles de régime, on peut tout de même craindre l'invasion. Sans compter que si vous êtes un jour un auteur célèbre, vous aurez la chance inénarrable de vous faire démonter sur le plateau de "On a tout essayé" au milieu d'une bande de crevettes anorexiques... voilà qui n'aide guère à garder sa confiance en soi. L'allusion à cette émission n'est pas anodine, d'ailleurs. Il se trouve qu'en un temps lointain, je la regardais presque tous les soirs (sic !) et que j'ai eu l'occasion d'y voir passer un nutritionniste qui présentait justement un livre. Il y expliquait le principe de l'IMC (indice de masse corporel égal à votre poids divisé par votre taille au carré) qui doit se trouver entre 18 et 25. Là, les chroniqueurs se sont mis à donner chacun le leur et toutes les femmes présentes ce soir-là avaient un indice qui tournait autour de 18 et même en-dessous vers les 16 pour l'une d'elles. Et donc, le "médecin" lui disait "Dans votre cas, c'est particulièrement bien" et moi, derrière mon écran, j'ai manqué m'étouffer. "Compris entre" ne signifie pas "en dessous de", à moins de 18 en IMC vous n'êtes pas plus en bonne santé que quelqu'un à plus de 25. Je m'étais fait la même réflexion le jour où un styliste a expliqué pourquoi les mannequins se devaient d'être maigres. Parce que "les gens ont envie de voir des personnes qui respirent la bonne santé" (j'en ai entendu des absurdités pour défendre les mannequins porte-manteaux, mais celle-là témoignait d'une bêtise assez exceptionnelle !)

Récemment, j'ai entendu une émission sur France Info où un nutritionniste venait parler des régimes (et notamment déconseiller toute forme de régime à la mode avec consommation ou privation d'une nutriment en particulier... ce en quoi je lui donne à 100% raison). La journaliste lui posait sa première question en ces termes "Que conseillez-vous de faire quand on veut perdre du poids ?" ce à quoi il répondait "diminuer les portions". Je ne peux pas lui donner tort, mais j'aurais aimé que la première chose qu'il précise soit "Vérifier que l'on a besoin de perdre du poids". Je pense que cette quête maladive de la maigreur est une des premières causes du surpoids qui se développe de plus en plus. Oui, la sédentarité joue pour beaucoup, mais celle-ci n'est pas récente. Bien sûr, le phénomène empire avec la multiplication de loisirs qui ne demandent aucune dépense physique (sur ce point la Wii amènera peut-être un petit mieux). Mais l'effet yoyo des régimes privatifs est loin d'être innocent en la matière. Vous avez comme ça des gens qui ont un IMC de 22 au départ, aucun surpoids médical donc, mais pas de quoi s'exposer dans des magazines à la mode et pas moyen de rentrer dans les jeans taille 36 qu'on vous impose comme la norme. Et nous voici donc en train de nous gaver de protéines en sachet (oui, je peux en parler, je l'ai fait), tout juste compléter par un peu de salade verte. Pour tomber à un IMC de 20, par exemple. Puis le régime s'achève et que se passe-t-il ? Vous vous rendez compte que vous recommencez à grossir, alors vous recommencez. Sauf que ces régimes sont très chers, alors vous diminuez l'apport en protéines ou vous tentez toutes les autres âneries qui vous passent par la tête. Vous en venez à vous affaiblir au point de ne pas pouvoir faire 10 mètres avec un objet dans la main (vos clés par exemple) sans qu'il ne tombe parce que vous ne contrôlez plus assez vos muscles pour garder la main fermée. Vous avez des vertiges, le teint cireux, mais qu'importe ! Vous ne voulez pas perdre tous vos beaux efforts et, après tout, cette fatigue perpétuelle doit bien signifier que votre corps va chercher dans ses réserves, non ? Et pourtant, il vous suffit d'un quignon de pain ajouté à votre oeuf dur coupé en quatre quotidien (un quart à chaque repas) pour grossir. Comment est-ce possible ?

Vous finissez donc par aller voir un nutrionniste qui vous explique les choses simplement : le corps est une machine bien faite. Vous le privez, il cherche dans ses réserves, ok. Mais si vous le privez trop longtemps, il apprend à vivre avec moins (la rigueur ne fonctionne pas qu'en politique). Il vous prive de tas de choses que vous ne voyez même pas. Votre coeur renvoie le sang avec moins d'énergie d'où des vertiges, vos muscles sont atrophiés, absence de règles pour les femmes, etc... Le corps établit ses priorités en fonction d'un budget calorique de crise. Et quand vous faites un extra (un quignon de pain, si si !), il stocke pour tenir quand vous le priverez de nouveau.

Voilà d'où vient le fameux effet "yoyo". Les régimes peuvent bien vous promettre que non, avec celui-là pas d'effet yoyo, ce n'est jamais totalement vrai. Pour maigrir il faut priver le corps, quand le corps est privé il s'attend à d'autres privations et stocke dès que vous vous remettez à manger normalement. Seuls les régimes dit "à paliers" permettent d'éviter cela. Hélas, ce ne sont pas ceux qui vous font perdre 20 kilos en deux semaines pour rentrer dans votre maillot cet été.

Pour régler ce problème de poids qui obsède notre société, je crois qu'il faudrait déjà se rappeler que chacun a sa morphologie et qu'il ne sert à rien d'essayer de viser une maigreur à la mode quand on n'est pas fait pour. Ensuite, si on a de vrais problèmes de poids (regardez votre balance, elle vous ment moins que vos yeux et les vêtements taillés selon la mode), la seule solution c'est de revenir, petit à petit, à adapter notre apport calorique à nos besoins. C'est la raison pour laquelle je rigole doucement quand j'entends certains dire que le sport ne fait pas maigrir. En effet, si vous allez courir une demi-heure tous les jours pendant une semaine (en dehors du fait que vous risquez la crise cardiaque si vous n'avez pas l'habitude), vous allez prendre plus de poids que vous n'en perdrer, parce que la masse musculaire pèse plus que la graisse. Mais à long terme (et maigrir ne peut que se penser à long terme si on veut éviter de grossir de régime en régime), cela augmente votre masse musculaire, ce qui augmente également vos dépenses caloriques "passives". Le nombre de calories moyen dépensé par une personne sportive sur une journée standard est plus élevé que celui d'une personne non-sportive (donc vous pouvez manger plus sans grossir), sans compter les pics de dépenses caloriques lors de l'effort sportif.

Est-ce que pour autant je vais vous bassiner sur le fait de faire du sport tous les jours ? Non, ça n'irait pas avec ce précédent billet que j'ai fait. Vivez votre vie, c'est l'essentiel, même si du coup, elle doit être un peu plus courte. Mais par contre, si vous souffrez de votre surpoids et que vous commencez à vouloir prendre cette question en mains, faites gaffe à ne pas faire n'importe quoi sous l'influence de zozos qui s'intéressent bien plus à la façon de faire maigrir votre porte-feuilles que votre silhouette.

Et surtout n'oubliez pas, un corps assumé et un visage souriant passeront toujours mieux qu'un corps plus mince surmonté par le visage crispé d'une personne obsédée par sa ligne.

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27 mai 2010 4 27 /05 /mai /2010 13:10

"Présumé coupable"... Tiens, ça tombe bien, c'est le nom de ma novella à paraître. Pourtant, ce n'est pas du tout de ça que je souhaite vous parler. Cela dit, le concept de présomption d'innocence et la façon dont il est régulièrement bafoué est un sujet auquel je suis très sensible. Pas étonnant donc que ça ressorte de diverses manières.

Une fois de plus, je m'en vais parler de la presse ; mais pas seulement (il ne faudrait pas que je leur donne toujours tous les torts). J'avais été assez surprise il y a quelques temps par l'affaire autour de Johnny Hallyday et du Docteur Delajoux. On nous présentait alors volontiers ce dernier comme le pire des incompétents, connu pour de nombreuses bévues médicales. Je me suis alors demandé comment un médecin de cet acabit pouvait continuer à pratiquer dans une clinique réputée (et chère). Le monde du Show-biz étant petit, je pense que le gars qui a massacré plusieurs patients aura peu de chances de garder une importante clientèle.

Mais bon, admettons, les phénomènes de mode étant ce qu'ils sont, pourquoi pas ? Dans tous les cas, le médecin fut à ce point présenté comme le responsable de tous les maux de Johnny qu'il fut même tabassé devant ses enfants en représailles. Le tout alors qu'aucun procès n'avait attesté de sa culpabilité.

Et voilà que quelques mois plus tard, l'Express nous apprend que Johnny Hallyday pourrait avoir été plongé dans un coma artificiel pour le soigner de sa dépendance à l'alcool. Et là, j'attends de voir fleurir insultes et témoignages divers de haine à l'égard de "ce poivrot qui a accusé injustement un médecin honorable".

Je ne sais pas si les choses en arriveront là, mais pour moi, bien au-delà des questions de santé d'une star, ce qui se pose comme problème c'est celui de la façon dont les médias nous présentent "l'information" et au-delà, notre capacité à prendre du recul et à la lire convenablement. Quand on parle "informations" déjà on s'attend à des faits, or la presse nous présente souvent des rumeurs, des accusations, des pistes... La plupart du temps, elle ne s'en cache pas d'ailleurs. S'il s'agit de faits, elle le dit, sinon elle précise "selon telle source", pourquoi alors le public prend-il si souvent "l'information" pour argent comptant ?

Je vois là deux phénomènes différents. D'un côté, les torts de la presse qui n'insiste pas outre-mesure sur les formules hypothétiques, voire qui présente les faits de façon partisane. Prenons un exemple qui m'a frappée (aïe) récemment. Il s'agit du nouveau rebondissement dans l'affaire Polanski. Une actrice a ajouté son témoignage pour dire qu'elle avait elle-même été abusée par ce réalisateur alors qu'elle était mineure. Ce que j'aurais attendu de la presse ? Qu'elle dise ça, ni plus ni moins. Mais ce que j'ai entendu ce résumait à "Un témoignage bien tardif (ces mots prononcés avec une ironie flagrante) d'une actrice qui profite de l'affaire Polanski pour dénoncer qu'elle aurait elle-même été abusée... blabla... On s'étonne qu'elle ait joué quelques années plus tard dans une film dirigé par le même Polanski..." Ben voyons. Quand on est une jeune actrice, on peut vachement se permettre de boycotter un grand metteur en scène. D'autant que bien souvent on vous présente le passage sur canapé comme un passage obligatoire pour pouvoir s'intégrer au milieu (la réalité qu'il y a derrière je ne me permettrais pas d'en juger ; mais par contre, une jeune fille face à un metteur en scène de grand renom peut très bien penser qu'il est normal de devoir "en passer par là" pour réussir). Quant au témoignage tradif... hum, comment dire ? Imginons qu'il ne s'agisse pas de Polanski mais d'un simple balayeur. Voire mieux un réalisateur détesté par la presse parce que pompeux et du genre à envoyer péter un journaliste s'il n'a pas vu tous ses films avant de l'interviewer. Ou encore un politicien mal aimé de la populace et qui damn ! aurait abusé d'une pauvre jeune fille et n'aurait pas payé pour son crime parce qu'il aurait fui le pays. Ce "témoignage tardif" serait devenu une pauvre victime innocente dont la parole aurait enfin été libérée et qui oserait enfin parler malgré les pressions qu'elle a subi des années durant.

Bref... L'affaire Polanski n'est pas tant ce qui m'intéresse que la façon dont elle est traitée si on la compare à toute autre affaire de moeurs du même genre. Personnellement, je demande des faits, à moi de me forger ma propre opinion ensuite. Et à la Justice de faire son boulot.

Mais comme je le disais, la presse est loin d'être la seule fautive dans cette affaire. Car si elle en vient à penser pour nous, c'est bien parce que nous lui abandonnons la tâche fatiguante (et ô combien mal récompensée) de réfléchir, préférant avaler tout cru ce que les médias nous donnent à gober. Les médias qui ont le plus de succès ne sont-ils pas ceux qui font preuve du plus de mauvaise foi ? Un journal qui titre sur Johnny odieusement massacré par un chirurgien incompétent (le tout en grosses lettres rouges avec noté "exclusif") ne se vendra-t-il pas mieux qu'un journal qui énoncera juste les faits et annoncera qu'une démarche judiciaire est en cours et qu'on en saura plus quand l'enquête aura abouti ? On nous vend ce que nous achetons, simple question d'offre et de demande.

Au-delà de la question du comportement individuel du citoyen face à ce phénomène, c'est le rôle possible de l'éducation que je voudrais mettre en avant. Parmi l'apprentissage du français, ne serait-il pas intéressant d'analyser certains articles de presse comme on le fait de textes de Ronsard ou de Rimbaud ? Certes, l'école est là pour nous offrir un bagage culturel, mais également pour nous aider à accomplir de façon éclairée notre devoir de citoyen (sans quoi la démocratie ne serait rien d'autres que la tyrannie des imbéciles). Est-il vraiment cohérent qu'on apprenne aux élèves à décrypter les messages subtiles du temps de la Révolution, mais qu'ils soient incapables de déchiffrer ce qui se passe durant leur propre siècle ? Je n'ai pas vu cette question posée très souvent : simple respect immodéré pour les écrits des anciens ou véritable volonté politique de ne pas apprendre au peuple à réfléchir ? J'avoue que je me pose parfois la question...

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12 mai 2010 3 12 /05 /mai /2010 09:33

Je vous avoue que je me pose la question...

Il y a quelques temps, les britanniques réélisaient leurs députés et les conservateurs étaient en tête de tous les sondages. Sachant que les conservateurs n'ont plus pris le pouvoir en Angleterre depuis un moment, sachant qu'ils sont encore moins européens que les travaillistes, sachant qu'entre la crise grecque, la fragilité politique d'Angela Merkel, la mort du président polonais qui a des chances d'être remplacé par son très euro-sceptique de frère... On peut considérer que l'Europe est assez fragile en ce moment. Alors certes, les Anglais n'ont jamais été un moteur de cette institution,info mais vu leur puissance économique, on peut considérer que s'ils freinent encore plus qu'ils l'ont fait jusqu'ici, on risque d'avoir encore plus de mal à avancer. Sachant que le jour des élections, France Info avait consacré une journée spéciale à ces élections, l'auditeur aurait été en droit d'espérer un récapitulatif du programme des travaillistes avec, peut-être, une petite analyse de leurs projets vis-à-vis de l'Europe. Au lieu de quoi, nous avons eu droit à un enchaînement de sondages sur sondages, au passage en boucle de la dernière bourde de Gordon Brown, à une description de l'ambiance devant les bureaux de vote... En bref, des reportages aussi insipides que ceux qui émaillent nos journées électorales (puisque rien ne peut vraiment y être dévoilé).

Les libéraux démocrates ayant obtenu un score non négligeable, aucun des deux autres partis ne pouvait gouverner sans leur appui, depuis plusieurs jours s'enchaînent donc les paris, les petites tractations, les négociations... Ai-je pour autant réussi à savoir quel était le programme des libéraux démocrates, et notamment en matière d'Europe ? Oui, je vous rassure. J'ai réussi à choper une phrase rapide entre deux flashs qui annonçait que les travaillistes avaient fait une proposition au lib dem pour négocier sur un certain nombre de points. Un point était non négociable pour le parti arrivé en tête, à savoir : restreindre au maximum les pouvoirs de l'Europe. Voilà tout ce que j'ai réussi à apprendre entre deux débats sur la burqa.

Et hier, apothéose ! Il se trouve que Raymond Domenech devait annoncer les 23 joueurs partants pour la racl... le Mondial en Afrique du Sud. Je ne vais pas rentrer dans les détails car je doute que la plupart de mes lecteurs soient férus de foot (et si tel est le cas, ils trouveront des sites bien mieux documentés sur le sujet) mais pour résumer, disons que notre spécialiste de la surprise a finalement annoncé 30 joueurs potentiels au lieu des 23 attendus, ce qui a eu l'effet merveilleux de réduire à néant les deux heures de suppositions auxquelles on avait eu droit avant et d'enchaîner sur des heures de discussion pour ne rien dire. Type :

"La grande surprise de ce soir c'est que Trucmuche sera en Afrique du Sud"

Petit voix derrière : "Euh... Sera peut-être en Afrique..."

"Ah oui..."

Ou :

"Nous n'avions pas prévu du tout la présence de chose-chouette sur cette liste."

"Ah mais il faut dire que nous pensions à une liste de 23. Les prévisions ne sont donc plus les mêmes..."

Bref, la seule réelle info de la soirée a été l'absence de Patrice Viera et de Karim Benzema. Info commentée en long en large et de travers. Et, au milieu de tout ça, un petit flash spécial pour nous annoncer que Gordon Brown venait de quitter le pouvoir et que la Reine avait nommé David Cameron premier ministre. Et ce matin, j'allume ma radio et de quoi est-ce que j'entends parler ? De Domenech à qui tout le monde s'acharne à trouver tous les torts du monde.

Vous allez peut-être prendre ce billet pour de l'anti-foot et pourtant, ça n'en est pas. Sans être une passionnée, j'aime bien le foot et j'aurais pas mal à dire sur la soirée d'hier (je crains hélas que ça ne vous intéresse pas grandement, je m'abstiendrai donc). Mais je n'aime pas écouter des gens parler pour ne rien dire. Et surtout, j'aimerais de temps en temps que l'information soit de la vraie information. De l'analyse, de la réflexion. Je voudrais, quand j'allume ma radio, pouvoir apprendre des choses que je ne pourrais pas voir en tapant deux mots clés sur Internet. La presse se désole de se faire bouffer par le net, mais est-ce vraiment surprenant ? J'attendrais des journalistes un vrai travail d'analyse, une vraie valeur ajoutée. La question que je me pose maintenant c'est : en sont-ils simplement incapables ? Sont-ils formés et sélectionnés avant tout pour leur capacité à animer un spectacle, au point qu'ils ne savent plus faire un quelconque travail de recherche et d'analyse ? Ou bien leur hierarchie ne leur en laisse-t-elle tout simplement plus l'occasion, considérant que le Français moyen est trop bête pour en demander plus ? Il ne faudra pas s'étonner alors que ledit Français aille chercher ses infos ailleurs...

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10 mai 2010 1 10 /05 /mai /2010 08:13

Oui, sous ce titre provocateur, je vais oser un parallèle qui l'est tout autant. Parallèle entre deux billets précédents à savoir : le narcotest, fausse solution d'un vrai problème et quand on s'essuie sur le drapeau : abus de censure ou de provocation ? Pour moi, ces deux événements récents se rejoignent par le fait de vouloir nier l'existence d'un problème par l'usage de l'autorité ou de l'interdiction. À ce propos, je pourrais tout aussi bien parler de l'interdiction de la burqa (ou du niqab) mais on va garder cette polémique-là pour une autre fois (voire jamais, tant il est difficile de discuter sereinement de la question).

Dans le cas de cette photo, le problème n'est pas qu'un individu lambda ait, dans le désir de choquer, pensé à salir les symboles de la République. Il y a toujours des gens pour vouloir choquer les bourgeois. La question serait plutôt de savoir pourquoi le jury de la FNAC a eu l'idée de mettre un coup de coeur à cette photo-là. Pourquoi pas le premier prix ? Sans doute ont-ils considéré que la photo n'avait ni la qualité ni l'intelligence nécessaire pour le mériter. Mais le "coup de coeur" signifie bien pour moi qu'ils ont été enthousiasmés par le fait que quelqu'un s'ose à ce coup de pied à nos valeurs. Pourquoi ? Juste après un débat peu constructif (j'aime les euphémismes !) sur l'identité nationale, on est en droit de se poser la question. Les récentes tentatives de ce gouvernement pour redonner vie à un patriotisme moribond ont été d'une maladresse à mon avis fort dommageable. Je pense que quelques personnes en France seraient heureuses qu'on pose la vraie question de l'identité : à savoir comment respecter nos racines, tout en acceptant tout ce que les cultures nouvelles ont apporté à notre pays (et dans notre passé aussi d'ailleurs). Mais, comme souvent, ce gouvernement a voulu prendre les choses à bras-le-corps, par l'autorité. "Vous allez aimer la France, Tudieu ! La France c'est ça !" tout en parlant de discrimination positive, ce qui a réussi à lui aliéner ce même électorat auquel il faisait des appels du pied.

Et face à la polémique du drapeau, quelle réaction ? La censure ? La punition ? Amende et prison, rien ne va plus ! Mais en quoi cela resoudra-t-il le problème de fond ? À savoir pourquoi des gens ont-ils aimé cette photo ? Et on ne parle pas là des jeunes des banlieues facilement stigmatisées dans ce genre d'affaires. Non, non, on parle du jury de la FNAC.

 

Revenons maintenant à la question du narcotest. Ce billet a été un des plus lus depuis que je l'ai rédigé. En jetant un coup d'oeil à mes statistiques, j'ai pu constater que les trois quarts des consultants avaient tapé les mots clés "fausser le test urinaire/fausser le narcotest/truquer les résultats du narcotest/effacer drogue dans les urines/ etc..."

Nous voici donc avec un formidable outil de dépistage en vente libre et la première réaction de nos ados est, en toute logique, de se demander comment trouver un moyen de mentir à leurs parents et d'échapper à cette nouvelle vigilance.

Le témoignage de ce père m'avait particulièrement frappée :

En 2 mots, j’ai décidé de faire du dépistage parce que certaines réflexions de mon fils commencent franchement à me faire peur. A l’entendre, le chite et la cocaine ne sont meme plus des drogues maintenant, et quand j’essaie de lui expliquer qu’il se trompe je passe pour le ringard de service. Dire ce genre de choses à 16 ans, moi je sais bien ce que ça veut dire alors je prends les devants.

Selon moi, les propos de son fils sont déjà une forme d'aveu et je pense que ce père a raison de penser qu'il "sait bien ce que ça veut dire". À savoir : "Oui, Papa, je prends de la coke parce que tout le monde le fait, que c'est normal et que j'aurais l'air d'un con si je faisais bande à part". Son fils n'entend pas son discours sur les méfaits de ces drogues. En quoi le fait de l'obliger à faire le test, rendra-t-il ses arguments plus percutants, hormis de le faire encore plus passer pour "le ringard de service" ?

J'ose croire que ce père en avait conscience puisqu'il disait ensuite n'avoir pas encore utilisé les tests et je tends à penser qu'au moment de le faire, il aura réalisé que ce n'est pas la solution.

Le problème de tout parent dans cette situation est de trouver les arguments qui convaincront son ado que la drogue est mauvaise pour lui. Le narcotest n'est qu'un outil qui nous donne une illusion de contrôle en nous faisant croire que, parce qu'on peut s'imiscer dans l'intimité de notre enfant et l'empêcher de nous cacher quoi que ce soit, on l'empêchera d'agir d'une façon qui nous déplaît. Et quand bien même ? Admettons que nous ayons réussi par des méthodes particulièrement autoritaires, à l'empêcher de consommer de la drogue, viendra un jour où notre enfant sera majeur et libre de prendre ses propres décisions. Lui aurons-nous transmis les enseignements nécessaires pour ne pas sortir du droit chemin ? J'en doute.

C'est là que je reviens à mon parallèle avec le drapeau. On peut essayer de forcer l'obéissance et le respect, mais ne restera-t-il pas quelque part une envie chez les membres du jury de la FNAC de voir des gens s'essuyer sur le drapeau ? Ne restera-t-il pas une envie chez les ados de faire ce qui est interdit ?

À lutter contre les symptômes au lieu de chercher les causes du mal-être, je crains fort qu'on ne fasse qu'enraciner celui-ci plus profond. Au risque de le voir ressortir ensuite sous une forme bien plus dévastatrice...

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9 mai 2010 7 09 /05 /mai /2010 08:57

En cette heure où les régimes fleurissent, j'aime toujours à me rappeler ce gag de Mafalda (© Quino), car c'est dans l'humour qu'on trouve parfois la plus grande des sagesses.

http://img576.imageshack.us/img576/9469/rgimes.jpg

En attendant un billet un peu plus long et sérieux sur le sujet, vous pouvez jeter un coup d'oeil à celui-ci : un esprit (pas) sain dans un corps sain.

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7 mai 2010 5 07 /05 /mai /2010 08:40

Parfois, en écoutant les médias, on en viendrait à se poser la question. Il y a quelques temps, la garde-à-vue d'une adolescente avait fait toutes les unes parce que jugées un peu traumatisante à l'échelle des faits qui lui étaient reprochés.  La question avait notamment beaucoup tourné autour du fait qu'elle ait été menottée ou non. Mais nous voilà aujourd'hui face à un autre mineur (un fugueur) qui s'électrocute en échappant aux policiers qui ne l'avaient pas menotté. Et là, nombreux sont ceux qui s'acharnent parce que les policiers auraient dû menotter le jeune homme pour empêcher ce drame. Mais s'ils n'avaient pas menotté la première adolescente et que celle-ci, prise de panique, s'était faite renverser par une voiture en essayant de s'échapper ?

J'avais moi-même été choquée par cette arrestation très sécuritaire pour une jeune fille qui s'était juste interposée lors d'une rixe devant son école. Mais quand la Police l'a arrêtée, qui pouvait savoir si elle n'avait pas consommé de la drogue récemment et si elle ne pouvait pas craindre qu'on le détecte dans des analyses de sang ? On ne peut jamais savoir comment une personne (jeune de surcroît) va réagir à une conduite au poste. L'exemple de cet adolescent nous montre que ceux qui se montrent les plus conciliants cachent parfois des vélléités de fuite. Comment les policiers peuvent-ils être sûrs ?

À l'époque, j'ai été choquée par le menottage de cette gamine (je m'arrête sur ce point parce que le reste de la procédure reste discutable, mais que ce simple élément avait suffi à m'interpeler), du coup, je me dis qu'aujourd'hui, je ne peux pas accuser les policiers de ce drame. Je pense qu'un certain nombre de personnes devrait y réfléchir avant de s'enflammer. Bien sûr, pour les proches, la souffrance est grande et la tentation de chercher un coupable est à la même mesure. Mais pour nous autres, blogueurs ou simples internautes qui laissent des commentaires, j'appelle à un peu de mesure. Le travail des policiers n'est pas facile tous les jours. Des arrestations, il y en a beaucoup et à chaque fois se pose la question "menotter ou pas ?" et face à toutes les conséquences possibles, une seule petite ligne de règlement "si la personne est dangereuse pour elle-même ou pour les autres". Mais les policiers ne sont pas des devins, même pas des psychologues. Il ne leur appartient pas de juger une personne, juste de l'appréhender.

Alors, bien sûr, chaque erreur de jugement est relayée par les médias et donne l'impression que les décisions ne sont pas adaptées. Mais c'est ignorer toutes les arrestations qui se déroulent bien.

Je ne suis pas séduite par les discours sécuritaires, en général, mais les dérives (notamment les dérives linguistiques de certains de nos dirigeants qui laissent parfois craindre le pire) ne doivent pas faire oublier le travail difficile que les policiers font sur le terrain. La plupart d'entre eux sont parmi les premières victimes des politiques inadaptées, alors j'aimerais parfois qu'on leur reconnaisse un certain mérite au lieu de ne penser à eux que quand les choses se passent mal.

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6 mai 2010 4 06 /05 /mai /2010 09:36

Pour rebondir sur la critique que j'ai fait du texte de Benoît Giuseppin dans l'Air, j'ai entendu une chronique intéressante sur France Infos. Il y était question de tous ces conseils dont on nous abreuve pour avoir une vie saine et un corps en bonne santé et des effets nocifs que cela peut avoir sur notre moral (écouter la chonique ici).

C'est un sujet sur lequel j'ai toujours été assez partagée. D'un côté, j'ai moi-même une vie assez saine par "facilité". Je n'aime pas l'alcool, j'aime le sport, je n'aime pas trop ce qui est très gras ni trop sucré et je ne fume pas. Donc bon, tous ces conseils, je les applique parce que c'est ainsi que j'aime vivre. Mais il n'en a pas toujours été ainsi et je sais qu'il faut peu de choses pour verser dans l'obsession. De plus, il m'arrive souvent de me demander l'effet que tous ces messages serinés jusqu'à la nausée peuvent avoir sur des gens pour qui toutes ces choses sont des privations ou des efforts vraiment pesants (comme de faire du sport pour ceux qui n'en ont pas l'habitude et qui, plein de bonnes intentions, en font trop, se dégoûtent et abandonnent).

Oui, je pense que c'est bien d'inciter les gens à une vie plus saine. Mais de l'incitation au bourrage de crâne, il y a un pas. Vite franchi par des autorités qui veulent se donner bonne conscience (voire qui nourrissent le projet de faire peser le trou de la sécu sur les "mauvaises volontés"). Il y a un moment où à trop vouloir protéger les gens d'eux-mêmes, on les enfantilise, voire on les rend fous. Interdit par ci, interdit par là... À titre personnel, ça ne me fait ni chaud ni froid. Mais je ne suis pas sûre d'avoir envie que mes enfants grandissent dans un monde comme celui-là.


Pour finir sur un trait d'humour et même si tout le monde doit déjà connaître cette blague, ça me fait toujours penser à ça.

C'est un homme qui va voir son médecin et qui lui demande comment il peut faire pour vivre le plus longtemps possible.

Le médecin lui répond : "Arrêtez la cigarette, les plats en sauce, les sucreries, l'alcool, le sexe (ça use les genoux), la télé..."

Le patient lui demande "Et avec ça, vous me promettez que je vivrai plus longtemps ?"

Et le médecin :"  Je peux vous assurer d'une chose en tout cas, c'est que la vie vous paraîtra trèèèèèès longue."

Il y a un moment où il faut peut-être admettre que la vie est de toute façon toujours trop courte, et qu'il faut tout de même savoir en profiter au lieu de chercher forcément à la prolonger.

 

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29 avril 2010 4 29 /04 /avril /2010 12:49

Ceux qui parcourent ces pages assez régulièrement auront eu l'occasion de se rendre compte que je suis assez sensible à l'Histoire et à son importance. J'ai récemment écrit trois nouvelles sur le sujet et j'ai entamé une novella également pour en parler.

Derrière l'idée de "devoir de mémoire" que certains veulent présenter comme une forme de culpabilisation aliénante, il y a surtout la nécessité de ne jamais oublier les erreurs du passé pour ne pas les reproduire. Dans un monde qui veut de plus en plus "avancer" (entendez par là "s'enrichir") quel qu'en soit le prix, je trouve qu'il est bon de rappeler ce qui peut arriver parfois.


Bref, sachant cela, vous ne vous étonnerez guère que je sois horrifiée par cette dernière affaire. Pour résumer, il s'agit d'un Maire qui a demandé à ce qu'on modifie un terme dans un témoignage qui devait être lu par des élèves à l'occasion d'une commémoration. Cette lettre d'une déportée parle du moment où des gendarmes l'ont emmenée et le Maire a dit qu'il serait préférable de remplacer le mot "gendarmes" par "hommes" pour ne pas "stigmatiser" la profession.

Je n'ai rien contre les gendarmes (enfin, ceux qui font bien leur boulot et qui sont une proportion aussi honorable que dans tout autre corps de métier) et je n'ai aucune envie de les stigmatiser. Mais je n'ai rien contre les Allemands non plus, qui sont un "frère" européen et un peuple courageux qui a su surmonter de grosses difficultés économiques lors de sa réunification. Alors, puisqu'on y est, pourquoi ne pas dire que la guerre a été faite par des "hommes" pour ne pas stigmatiser ce peuple ? Récemment, j'entendais que la ville de Vichy en avait assez d'être associée au "Régime de Vichy" (je vous rassure sur Google, ça ressort après l'eau minérale), alors pourquoi ne pas dire que c'était le régime de "Trucmuche"  ? Peu importe le nom, après tout.

Et si le "devoir de mémoire" c'était justement de rappeler que dans cette période sombre de notre histoire, des gens qui faisaient juste honnêtement leur travail ont été responsables de drames, que de simples citoyens ont collaboré par peur, qu'il n'y a pas forcément que des grands méchants et des super gentils mais une situation tellement horrible que tout un chacun (ou presque) a participé à cette horreur.

Aujourd'hui, les "gendarmes", demain les Allemands ou Vichy... Et un jour, c'est dans les livres de SF qu'il faudra apprendre l'Histoire à nos enfants.

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25 avril 2010 7 25 /04 /avril /2010 18:20

http://www.ville-de-sciez.com/Actualites/Avril-2010/Ceremonie-deportation/EMS.jpgHistoire de donner un petit air de continuité à ce blog, je vais me risquer au politiquement incorrect au risque de heurter quelques personnes.

Nous voici aujourd'hui à la journée nationale de la déportation qui fait suite à la journée anniversaire des 65 ans depuis la libération d'Auschwitz en Janvier, à la lecture des noms de déportés le 11 avril pour commémorer le jour de l'Holocauste puis le 8 mai qui suivra... et tout un tas d'autres célébrations que je n'ai même pas en tête tant elles sont nombreuses... et tant elles passent inaperçues, même pour quelqu'un qui écoute France Infos cinq heures par jour comme moi. Étant très sensible à la guerre et aux atrocités dont sont capables les humains pour peu qu'on les mette dans le cadre adéquat, le sort des juifs est très loin de me laisser indifférente. Aurais-je l'air pourtant monstrueuse si je prenais le risque de dire que trop c'est trop et qu'en matière de mémoire comme pour tout le reste, la quantité n'a jamais remplacé la qualité ?

On a parlé cette année de diminuer les heures d'histoire dans les sections scolaires où cet enseignement n'était pas fondamental. Et ça, oui, ça me fait frémir. Qu'on parle un jour d'une école de l'apprentissage où les élèves sortiront avec un vrai diplôme utile qui leur donnera un travail, mais ignoreront l'Histoire de leur pays et de l'Humanité, ça, ça m'inquiète. En parallèle, il suffit qu'une minorité demande justice pour les préjudices soumis et hop ! On lui invente une petite journée dans un coin, journée toujours beaucoup moins médiatisée que les différentes commémorations juives... Ou du moins sur France Infos. Parce qu'en-dehors des maniaques de l'information, ces journées ne touchent pas grand-monde. Que ce soit celles de l'esclavage, des juifs ou de n'importe qui. On pourrait en rajouter pour tous les peuples massacrés, pour ces génocides sur lesquels nous avons fermé les yeux ou auquel nous avons collaboré que ça n'empêchera pas grand-monde de bien digérer.

http://dspagnou.celeonet.fr/wp-content/uploads/2009/04/journee-nationale-de-la-deportation-007.jpgCes journées me donnent bien souvent l'impression de ne servir qu'à nous donner bonne conscience, en payant quelques belles commémorations, des couronnes, le déplacement de l'un ou de l'autre. Et derrière ? Pas grand-chose. On invite les dictateurs à s'assoir à notre table, on leur déroule le tapis rouge, on leur fait une place de choix dans la Tribune présidencielle pour le 14 juillet... Mais on fait quelques jolis discours sur les dictateurs du siècle dernier, ça fait chic (et ne voyez pas forcément là-dedans une critique de notre gouvernement actuel, parce que notre président n'est ni le premier ni le dernier à serrer la main des dictateurs de tout poil... Il le fait devant les caméras, certes, mais en privé les mains des dictateurs ne sont guère plus propres qu'en public).

Et derrière, on trouve toujours des polémiques comme celle d'aujourd'hui : les homosexuels qui s'insurgent (à juste titre à mon avis) qu'on ne les cite pas dans les catégories de déportés. Oui, on a déporté des gens parce qu'ils étaient homosexuels. Franchement, c'est vrai qu'on n'en parle pas des masses. Aujourd'hui, les juifs ne sont guère enthousiastes à l'idée qu'on évoque les deux ensemble. Alors bientôt une journée spéciale déportation des homosexuels ? Est-ce qu'il faudra ça ? Est-ce que le devoir de mémoire au moins ne peut pas se faire de façon un peu moins sectaire ?

À croire que non. Dans ce cas, si c'est pour que chacun continue à se battre pour sa petite journée à lui dont (très franchement) la majorité des français n'a strictement rien à taper, je ne vois pas comment tout ça pourrait nous apprendre à vivre ensemble. Je ne suis pas sûre du tout que ces diverses journées parsemeées de façon plus ou moins justes sur le calendrier soient la meilleure façon d'oublier nos différences et de réaliser enfin que l'Humanité n'est rien d'autre qu'un ensemble de diversités plus ou moins visibles.


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  • isa
  • Isa, jeune auteur qui parle beaucoup avec les doigts (avatar ©Luis Royo)
  • Isa, jeune auteur qui parle beaucoup avec les doigts (avatar ©Luis Royo)

Paru !

http://www.griffedencre.fr/IMG/cache-200x307/PC_200-200x307.jpgMa première novella est enfin parue !

Vous pouvez découvrir un extrait en ligne.

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Les premiers avis ici !

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