Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
14 avril 2010 3 14 /04 /avril /2010 10:47

http://www.griffedencre.fr/IMG/cache-150x230/couv_concours-150x230.jpgManquant un peu de temps aujourd'hui, je vais honteusement aller récupérer un avis donné sur cette novella sur le Forum de Griffe d'encre.

De toute façon, ce n'est pas un mal de rappeler l'existence de ce livre alors que paraît Comme un poison dans l'eau, la troisième novella de cet auteur chez le même éditeur (preuve s'il en fallait que les deux premières doivent être bien aussi !)


Tout d'abord un mot sur la couverture de Zariel. Je ne sais pas pourquoi (à cause des couleurs sans doute), mais cette couverture reste une de mes préférées de cet auteur. Son dégradé grisâtre est tout à fait dans le ton de la novella.

J'ai bien aimé ce livre. Le ton est simple, efficace et sert bien le récit. Personnellement, j'apprécie quand un texte à la première personne colle avec le registre de language du gars qui s'exprime, ça me paraît plus cohérent qu'un style littéraire.
J'ai donc beaucoup aimé le style, la façon de camper les personnages, cette façon de montrer le peuple qui brûle ce qu'il adore. On aurait pu croire le texte écrit par une star qui découvre le revers de la médaille. "J'ai toujours souhaité la popularité, mais la foule vous dévore.

Par contre, je n'ai pas adhéré à la fin. Il me manque un truc, une explication, peut-être. J'ai aussi été un peu déçue que la relation très intéressante introduite (sans mauvais jeu de mots) avec le flic n'aille pas plus loin.
Au final, j'ai trouvé que ça faisait soit nouvelle un peu trop longue (dans ce cas, l'aspect purement philosophique sans réelle explication ne m'aurait pas dérangée) soit un roman un peu trop court.

Mais je ne regrette pas ma lecture, ne serait-ce que pour l'originalité de l'histoire.


Partager cet article
Repost0
13 avril 2010 2 13 /04 /avril /2010 09:07

http://www.surfutile.org/images/lettres.d.iwo.jima.jpgPendant asiatique de Mémoires de nos pères, Lettres d'Iwo Jima nous raconte la bataille d'Iwo Jima du côté des forces japonaises.

Je dois vous avouer que j'ai eu du mal à regarder ce film sans chercher avec attention un peu de parti pris caché. Et quand on cherche beaucoup, on trouve forcément un peu. Qu'il y en ait eu ou pas, je n'en suis même pas sûre. Il y a déjà dans Mémoires de nos pères une critique de la civilisation américaine (dans son côté show-biz, l'argent-roi, etc...), il est donc légitime que cet autre film ne soit pas exempt de critique à l'égard de la culture asiatique. Je me suis tout de même demandé jusqu'à quel point l'histoire était tirée d'un fait réel, aussi bien pour cette histoire de photo dans les Mémoires de nos pères que pour ces insubordinations dans Lettres d'Iwo Jima. Je vais essayer de faire des recherches là-dessus mais si quelqu'un a des références sur le sujet, je serais ravie de les avoir en commentaire. Sinon, je vous ferai un billet dès que j'en saurai plus.

Parce que là, l'impression qu'il m'est restée est une certaine incrédulité. Si les Japonais ont une culture qui les pousse plus facilement à une obéissance aveugle au devoir, je ne suis pas sûre que les choses aient vraiment pu se passer ainsi. Mettre en doute les ordres d'un supérieur et aller jusqu'à ne pas obéir... Peut-être, mais je ne suis pas sûre. Et certaines scènes m'ont paru un peu exagérée sur ce point.

Une autre chose qui m'a frappée est le passage où un soldat Japonais reconnaît le mérite des soldats Américains. Le film n'est pas manichéen là-dessus, loin de là, nous présentant des "bons" et des "mauvais" Japonais et faisant de même du côté américain. Mais j'ai tout de même été frappée qu'à un moment on entende dans la bouche d'un soldat Japonais que les Américains étaient "courageux" et n'étaient pas seulement l'ennemi à abattre, alors que la question ne se pose jamais en ces termes dans Mémoires de nos pères. Dans ce premier film, les soldats Américains en viennent d'eux-mêmes à se sentir écoeurés par ce qu'ils ont fait mais à aucun moment on ne donne l'occasion au soldat Japonais de montrer qu'il est un être humain. Comme si les Américains tendaient naturellement à plus d'humanité et aussi qu'il était impossible de les affronter sans finir par être impressionné par leur valeur. Les Américains seraient d'eux-mêmes plus portés à l'auto-critiqhttp://s.tf1.fr/mmdia/i/83/2/3619832snmbp.jpgue alors que côté Japonais, c'est parce que les soldats américains sont "courageux" qu'ils gagnent ce droit à être estimés. La nuance est subtile, mais pas inexistante.

Vous trouverez sans doute que je cherche la petite bête ; et vous aurez parfaitement raison ! Je vous ai annoncé la couleur dès le début. Mais le résultat final est que ce film est à mon avis (sur ce point au moins) meilleur que le premier. Comme si le premier, s'adressant à un plus large public américain n'avait pas trop voulu heurter certaines valeurs patriotiques (bon, il n'y va quand même pas avec le dos de la cuiller) mais que le second avait été plus au fond des choses sur l'aspect psychologique des deux camps.

Je dois vous avouer que j'ai trouvé aussi quelques longueurs dans ce film (mais j'ai une patience très limitée envers le petit écran et mon "co-filmier" ne l'a pas trouvé trop long alors qu'il avait failli s'endormir devant les Mémoires de nos pères). Mais cela reste un très bon film. Personnellement, je ne l'ai pas préféré au premier volet. J'ai trouvé que les deux apportaient des éclairages vraiment différents avec beaucoup d'humanité.

Ils ont également éveillé ma curiosité sur cette bataille en particulier et c'est une bonne chose. Je vous en dirai donc un peu plus dès que j'aurai fait les quelques recherches qui s'imposent.

En attendant, je ne peux que vous conseiller de les voir tous les deux.


http://img.ozap.com/00759534-photo-kazunari-ninomiya-dans-lettres-d-iwo-jima.jpg


Réalisé par Clint Eastwood
Avec Ken Watanabe, Kazunari Ninomiya, Shido Nakamura, plus

Partager cet article
Repost0
10 avril 2010 6 10 /04 /avril /2010 11:05

http://media.zoomcinema.fr/photos/2280/memoire-de-nos-peres-pochette-dvd.jpgAvant de donner mon avis, je tiens à préciser que je regarde beaucoup de films de guerre. Je suis loin de les avoir tous vus, mais c'est un des genres que j'affectionne le plus.

Ce film, dont certains passages sont particulièrement durs, m'a amenée à me demander pourquoi je regardais autant de films de ce genre. Je ne peux pas dire que je le fais comme un moment de détente, avec saladier de pop-corn sur les genoux, et que j'en ressors avec l'envie de me marrer. Pourtant, n'ayant jamais connu la guerre, j'aime ces histoires qui nous rappellent que tant de vies ont été détruites. Je les aime parce qu'elles m'empêchent d'oublier le prix de la vie mais aussi et surtout parce qu'elles permettent de se rappeler de ce qu'est la guerre. L'absurdité, la souffrance, tous ces destins gâchés... et la folie des hommes qui me laissent toujours incrédule. Je me dis toujours "C'est arrivé... Et ça pourrait arriver encore n'importe quand."

Je ne me le dis pas parce que j'aime me faire peur mais parce que je pense que cela a plus de chances d'arriver le jour où nous aurons tous oublié.

Et pourtant, ce film m'a mise à plusieurs reprises mal à l'aise. Est-ce parce qu'il était trop dur, justement ? Je ne sais pas. Je crois que c'est moi qui me suis usée un peu, à force. Comme si j'avais suffisamment intégré ce devoir de mémoire pour demander un droit à l'oubli, au moins temporaire. Ne pas imaginer qu'en ce moment même, alors que je vis ici, heureuse et protégée, il y a des pays où ce genre d'horreurs se produisent encore.

http://www.aviscine.com/images/films/8000/8087__8087_memoires_de_nos_peres___18682261.jpeg

Je vous préviens donc, âmes sensibles, s'abstenir. Ce film en montre beaucoup et ce qu'il ne montre pas et peut-être plus douloureux encore que ce qu'il montre. J'en suis ressortie blessée mais profondément touchée. En dehors des horreurs  même du champ de bataille, d'autres sujets sont abordés et ils ne manquent pas d'intérêt : le poids des médias et de l'image, la sensibilisation des foules, l'absurdité qui consiste à s'émouvoir très vite de quelque chose qu'on oublierait l'instant d'après pour peu que les conditions s'y prêtent, le poids de l'argent, un système auquel on ne peut échapper et où la vertu mène à la prostitution...

Malgré quelques longueurs, j'ai trouvé ce film magnifique et, en dehors de cette mise en garde que je formulais au départ, je conseillerais à chacun de le voir, parce qu'il est des parts de l'âme humaine qu'il vaut mieux connaître. Ce film en montre beaucoup et pas seulement celles des hommes sur le front.

J'attends maintenant d'avoir vu Lettres d'Iwo Jiwa, pendant asiatique de cette vision de la guerre, pour vous donner ma vision générale de cette oeuvre.

http://richardsantoro.files.wordpress.com/2008/06/jessebradford.jpg

Mémoires de nos pères (2006)

Réalisateur : Clint Eastwood

Avec Ryan Phillippe, Adam Beach, Neal McDonough, plus


Partager cet article
Repost0
6 avril 2010 2 06 /04 /avril /2010 10:17

Suite de l'article d'hier au sujet de l'Achimiste de Paulo Coelho.

À propos du fond :

L'ambiance générale qui se dégage du livre est très positive, elle incite à l'espoir et à l'accomplissement de soi. Pourtant, au fil de ma lecture, je n'ai pas pu m'empêcher de ressentir un certain rejet. Et j'ai fini par comprendre pourquoi.

Ce livre m'a rappelé un DVD qu'on m'avait prêté sur la pensée positive. Au début, le concept avait l'air assez intéressant (si on excluait les "scientifiques" qui faisaient leur démonstration avec l'air de sortir tout droit d'une secte). Puis quand on a commencé à m'expliquer que si je voulais le superbe collier en diamant dans la vitrine du bijoutier, il me suffisait d'y penser très fort à longueur de journée et que la mécanique du monde se mettrait en place pour que je l'obtienne, j'ai décroché. Tout se mettait à tourner autour de "Toi veux pognon" et j'ai tendance à penser que la philosophie de la pensée positive ne devrait pas se cantonner à ça. Ou alors, je ne suis pas cliente.

J'ai entendu également une émission un jour sur le thème "Comment provoque-t-on la chance ?" Il était expliqué que le pessimiste avait toujours moins de chance que l'optimiste et on en donnait un exemple. Mettons qu'un pessismiste ait un accident de la route qui le cloue sur un lit d'hôpital pendant un an. Il sortira de cette épreuve en se disant qu'il n'a encore pas eu de chance, que ça n'arrive qu'à lui, qu'il a perdu un an de sa vie. Le même accident sera vécu par un optimiste comme le fait d'avoir de la chance d'être toujours en vie, et il en tirera le meilleur (se cultiver, se mettre à lire, écrire sur son expérience, etc...) Jusque là, j'adhère au principe. Un événement qui ne peut pas être évité aura lieu de toute façon, celui qui en voit le bon côté aura toujours une vie plus facile que celui qui n'en voit que le mauvais.

On peut même pousser un peu plus le raisonnement en disant que celui qui tente des choses les réussira de temps en temps. Mais "qui ne tente rien n'a rien". Aucun risque de se planter, mais aucune chance de réussir. Jusque là, j'adhère encore.

Mais généralement le tenant du positivisme se sent toujours obligé derrière d'ajouter sa petite touche de mysticisme sur le karma, la volonté qui influe le monde, etc... Comme on peut le lire bien souvent dans l'Alchimiste "Le monde conspire à la réussite de celui qui vit sa Légende Personnelle". J'ai eu quelques discussions là-dessus avec les adeptes de ce mode de pensée qui nient en général l'existence de la chance ou de la malchance. Tout est question de volonté. Si on ne pense pas aux choses mauvaises, elles n'arrivent pas. Cela va jusqu'au fait qu'on me dise qu'il ne faut pas mettre d'argent de côté en cas de coup dur, sinon ça les fait arriver (et donc que je ne devais pas mettre d'argent de côté pour changer ma voiture le jour où elle rendrait l'âme... parce que certainement les tenants de la pensée positive ont des voitures qui durent éternellement... Ah non ! Ils font appel au crédit le moment venu. Vu le pourcentage qu'on laisse sur ce genre de crédit, je dis que ça coûte cher, la pensée positive, mais bon...)

Quels que soient les exemples que vous donniez alors on vous explique que celui qui a subi un coup du sort c'est toujours parce qu'il n'avait pas l'état d'esprit qu'il fallait. Il craignait la tuile, elle est arrivée. Donc, le jeune qui ne met pas sa ceinture et dépasse les limites de vitesse, le jour où il se tue en voiture, c'est parce qu'il avait peur d'avoir un jour un accident. Celui qui finit paralysé dans un lit d'hôpital aussi d'ailleurs. Et quand il répète sans cesse "Si j'avais su..." je ne sais pas à quoi il fait allusion. J'avais cru naïvement qu'il voulait dire "Si j'avais su que j'aurais un accident, j'aurais mis ma ceinture" mais visiblement, il voulait dire "Si j'avais su, j'aurais moins eu peur de l'accident et je n'en aurais pas eu."

Et le gars accro aux jeux ? Celui qui dépense des fortunes en pensant qu'il "va se refaire", c'est parce qu'il croit qu'il va perdre qu'il perd ? Admettons...

Alors maintenant, je voudrais juste qu'on m'explique, dans ce monde bienveillant où la chance ne sourit qu'à ceux qui la méritent et où la malchance  n'existe pas vraiment... Je voudrais qu'on m'explique pourquoi il y a des gamines de cinq ans qui sont battues à mort par leurs parents qui balancent ensuite leur corps dans une poubelle... Sous le prétexte qu'elle demandait tout le temps à manger.

Qu'un croyant m'explique en entendant ça que les voies de Dieu sont impénétrables, admettons. Mais qu'on me dise que c'est parce qu'elle n'a pas assez cru à la chance et parce que ces épreuves, pour peu qu'elle les ait prises du bon côté allaient la renforcer pour plus tard, il faudra en parler devant son cercueil.

J'ai l'air aigre sans doute en disant cela. Et je le suis un peu. J'ai constaté que bien souvent les gens qui disent que la chance se mérite en ont eu dans la vie. Pas forcément une chance insolente, mais ils ont souvent été épargnés par les pires malheurs (en tout cas, ils ne sont pas morts à 5 ans, sinon, ils n'en parleraient pas). Je n'aime pas qu'on nie l'existence de véritables tragédies totalement injustes. Si, cela existe et non, tous les gens qui souffrent n'ont pas fait quelque chose ou eu un état d'esprit qui fasse qu'ils le méritaient.

Quel rapport avec l'Alchimiste ? Le fait que le livre répète (beaucoup) que le monde conspire à la réussite de celui qui croit et aussi qu'il protège les enfants. La foi absolue en une main Bienveillante est forcément plus facile à démontrer quand on tient les rênes du scénario.


Car un autre point faible de l'argumentation de ceux qui défendent cette vision-là de la pensée positive (car je répète que je n'ai rien contre ceux qui pensent (comme moi) qu'il faut toujours garder espoir parce que c'est la seule chance de réussir un jour) est que leurs exemples sont toujours un peu faciles. Ces derniers, comme celui de l'accident, parlent toujours d'épreuves qui n'ont pas de séquelles à long terme. Par exemple, si du même accident vous étiez ressorti amputé des deux bras, vous auriez toujours de la chance par rapport à celui qui est mort. De là à ce que le gars à qui s'est arrivé se considère comme un veinard, ce n'est pas si facile. De la même façon, quand quelqu'un a un accident de voiture en famille et qu'il y a un mort, il se considère rarement comme chanceux parce qu'il n'y a eu qu'un mort. Bien sûr, si on perd un seul de ses deux enfants, on ressent l'importance d'avoir toujours le deuxième. De là à se considérer comme un veinard, il y a un très grand pas que bien peu franchissent (et je pense que c'est tant mieux). On peut voir la bouteille à moitié vide ou à moitié pleine. Mais quand il s'agit de perdre un enfant ou une jambe, l'opération est toujours plus difficile. Pour autant, j'admire les gens qui sont capables de se relever de ce genre d'épreuves et de tenter de rendre le monde meilleur justement parce qu'ils ont eux-mêmes beaucoup souffert. Mais je trouve qu'on peut prendre cinq minutes pour admettre qu'ils n'ont vraiment pas eu de chance et que c'est héroïque de leur part de s'en sortir aussi bien.

Une fois de plus, quel rapport avec l'Alchimiste ? Le fait que le personnage répète que toute épreuve est une bonne chose parce qu'elle permet de progresser. C'est facile à démontrer quand l'épreuve en question est "se faire voler tout son or" et qu'elle enchaîne sur "avoir l'occasion d'en gagner plus". On nous montre que cela n'est pas un coup de chance mais que le personnage l'a mérité parce qu'il y a cru. Il y a aussi des filles dans ce genre de cas qui ont suivi des hommes qui leur promettait des façons de gagner de l'argent et qui ont fini sur le trottoir, ou violées et égorgées dans un canal... Est-ce que c'était parce qu'elles ne croyaient pas en leur légende personnelle et qu'elles méritaient ce qui leur est arrivé ?

Je me doute bien que le livre ne cherche pas à nous dire ça. Mais à trop vouloir nous montrer qu'un destin exemplaire est une chance méritée, on prend le risque de développer l'effet inverse : dire que celui qui souffre le mérite et qu'il n'a qu'à se prendre en main pour arrêter de souffrir.

Pourquoi est-ce que je dis ça ? La raison en est toute simple. J'ai traversé une période de ma vie qui n'était pas évidente. Et une personne dont je suis proche et dont j'aurais souhaité l'écoute m'a offert ce livre, comme la réponse à toutes les questions de la vie : recette sur comment provoquer la chance et arrêter de faire ch... son monde. Oui, je suis dure et pourtant, non, je ne l'ai pas mal pris. En fait, je m'en suis foutu complètement. Si quelqu'un n'a pas envie de vous écouter, ne lui parlez pas, voilà tout. Pour ma part, je sais gérer ça et je n'ai besoin ni d'un livre ni de qui que ce soit d'autre pour me rappeler à mon optimisme congénital.

Mais tout le monde n'est pas comme moi. Parfois les gens ont juste besoin qu'on prenne cinq minutes pour écouter leur souffrance et pour leur dire "Bordel ! T'as vraiment pas eu de chance. Ça va aller ? Si t'as besoin de moi, je suis là." La différence c'est que dans un cas, vous réduisez son malheur à rien du tout ("Arrête un peu de t'écouter et avance") et au passage vous lui donner l'impression de ne pas valoir grand-chose de souffrir alors que d'autres ont des problèmes bien plus graves que lui. Dans le deuxième cas, vous lui montrer que oui, son problème est dur et qu'il vous touche, vous lui laissez l'occasion d'en parler et celle de se rendre compte de lui-même qu'il a les ressources nécessaires pour s'en sortir. En ne rabaissant pas ses problèmes, vous ne le rabaissez pas lui-même.

Pourquoi la plupart des femmes qui font une dépression post-partum se laissent bouffer sans se soigner ? Parce qu'elles ont honte. Parce qu'elles se disent qu'elles devraient être heureuses et qu'elles n'y arrivent pas. Il en va de même pour de nombreux dépressifs. Et beaucoup de gens "qui vont bien" leur offrent l'Alchimiste comme un remède à tous les maux. Un livre qui dit "Bouge-toi un peu coco et tu verras que tout s'arrange." Sauf que parfois les choses ne s'arrangent pas. Et que parfois le "coco" n'est tout simplement plus en état de "se bouger".


En bref, l'Alchimiste est pour moi un livre à double tranchant. D'un côté, il met un coup de pied au fondement d'un certain cynisme d'époque qui consiste à penser que ça ne sert à rien de tenter quoi que ce soit parce qu'on va se planter. Et là, je dis bravo et je trouve ça très bien.

Mais de l'autre côté, il verse dans un autre travers de notre époque qui revient à dire en gros que chacun n'a qu'à se débrouiller avec sa légende Personnelle et que celui qui tombe est responsable de sa chute. Et dans ce cas, pourquoi lui tendre la main ? Je pense que c'est la répétition excessive du terme de "Personnelle" qui m'a gênée le plus dans ce livre. Comme si chacun n'était responsable que de sa Légende Personnelle. Donc, celui qui y arrive, tant mieux pour lui, bravo ! Et l'autre ? Ben tant pis pour sa gueule, qu'il en appelle à la grâce de Dieu.


Attention Spoiler entre ces deux lignes :

___________________________________

Ce livre m'a donc fait exactement le même effet que ce DVD sur la pensée positive. Tout d'abord sur le glissement qui s'opère entre le courage de poursuivre ses rêves et une sorte de capacité mystique à dompter la providence... Mais surtout, sur un autre point. Je vous ai dit que j'avais décroché du DVD quand on a commencé à parler rivière de diamants ? En fait, à ce stade de la démonstration, tout tournait autour du matériel. Vous voulez une belle voiture, vous avez peur de recevoir des factures, vous voulez des bijoux, un vélo... Pour moi, on rentrait là dans le raccolage. J'ai été très déçue par la fin du livre. L'image sur laquelle on reste est celle du gars qui a eu l'occasion de se faire de la thune à plusieurs reprises mais qui a tout laissé pour atteindre son trésor. Et son trésor, c'est quoi : plus de thune ! Elle est pas belle la vie ?

Sérieusement, pour moi, cet aspect-là a gâché tout l'aspect philosphique de l'accomplissement du héros. J'ai longtemps espéré qu'on en viendrait au fait que son vrai trésor c'était la connaissance qu'il avait acquise durant sa quête. Mais ce n'est pas l'image qui reste et je suis désolée de dire que pour moi, cette fin relève d'un ressort assez démago. Les gens veulent de l'argent. De nos jours, la Légende Personnelle se limite bien souvent à se laisser imposer ses rêves par le petit écran qui nous explique qu'en possédant ci ou ça, on va forcément être heureux. Le livre m'avait donné l'impression d'être bien moins matérialiste et pourtant on finit sur l'idée que le gars "a bien oeuvré" et comme récompense "de l'or", le seul nerf de la guerre.

Une fois de plus, je suis dure parce qu'il n'y a pas que ça dans le livre. Mais c'est l'image qui reste trésor = argent. Il avait son petit troupeau mais fort heureusement, il avait plus d'ambition : "travailler plus pour gagner plus", reste plus qu'à citer Lorie et sa "positive attitude" et tout est dit.

__________________________________


Au final, l'Alchimiste m'a laissée dubitative. J'ai trouvé qu'il y avait de bonnes intentions dans ce livre, mais que ces bonnes intentions pouvaient servir de prétexte à un égoïsme larvé que je déplore.

À chacun d'en tirer ce qu'il souhaite. Si vous avez réussi à y trouver l'espoir, tant mieux. Pour ma part, sans doute en avais-je déjà un peu trop pour en trouver entre les pages d'un livre et n'y ai-je vu que les ombres.

Cela ne m'a pas empêché de passer un moment de lecture qui m'a poussée à réfléchir à beaucoup de choses. Je crois que c'est cela l'essentiel à retenir : quelle que soit la volonté de l'auteur de nous tenir par la main entre ces pages, n'hésitez pas à prendre votre propre chemin et à réfléchir par vous-même. Si vous faites cela, sans vous laisser imposer quelque philosophie que ce soit, nul doute que cette lecture vous enrichira d'une façon ou d'une autre.

@Bientôt

Partager cet article
Repost0
5 avril 2010 1 05 /04 /avril /2010 09:01

Allez hop, le petit billet pour me faire détester.

Bon, tout d'abord je viens juste de finir ce livre, c'est vous dire si j'étais en retard !

Ensuite ben... Non, je n'y ai pas trouvé la sainte lumière qu'on m'a maintes fois annoncée. Certains diront que je manque de subtilité, que je ne sais pas voir derrière les métaphores... Et pourtant non, les métaphores, j'aime bien ça. Là, j'ai vraiment eu trop l'impression qu'à chaque fois que l'auteur en faisait une, il se sentait l'obligation de me mettre une pancarte avec une grosse flèche pour dire : Métaphore ici : interprétez selon le mode d'emploi.

Oui oui, je suis sévère. Là, je l'admets.

Il faut reconnaître tout d'abord que j'ai été incapable de me défaire de cette sale manie d'en attendre trop des livres qu'on a encensés. J'ai vraiment essayé, mais rien qu'en devant choisir entre les trois exemplaires présents dans ma bibliothèque (tant il était à la mode à une époque d'offrir ce livre), je n'ai pas pu faire abstraction du succès de ce livre.

Alors entendons-nous bien : ce livre n'est pas mauvais. Il est visiblement capable de toucher une grosse partie du public et de lui donner un sentiment positif sur la vie. Et ça, ça tient de l'exploit.

Mais il n'est pas pour moi, à cause d'un certain nombre de raisons de fond et de forme.


La forme, tout d'abord :

La vie m'a déjà appris qu'il fallait croire en ses rêves et persévérer et elle m'a aussi appris que quand on perdait tout, il fallait se relever et continuer. Est-ce que cela signifie que je serais allergique à tout livre qui tenterait de me le montrer ?

Non, bien sûr. Mais ce livre est bien trop didactique pour moi. Tout d'abord, il y a le mot "Légende Personnelle" qui y est inscrit au moins une centaine de fois simplement parce qu'on en revient toujours à la même chose. On a beaucoup comparé ce livre au Petit Prince, mais j'ai trouvé que le Petit Prince développait plus de choses et surtout de façon plus subtile. Quand Saint-Exupéry nous présente son narrateur qui a abandonné le dessin dès son plus jeune âge parce que les gens ne reconnaissaient pas son boa qui avait mangé un éléphant, on en tire les leçons que l'on veut. À nous d'interpréter. De même pour chacune des discussions du petit prince : avec les roses toutes semblables à la sienne, le renard qui préfère l'avoir connu même si c'est pour le perdre, le serpent... Nous lisons et il nous faut faire un effort de réflexion et de transposition à notre monde. Dans l'Alchimiste, chaque passage "leçon de vie" se termine par une phrase d'explication du genre "c'est ça que vous êtes censé comprendre là". Ça m'a donné l'impression tout au long de ma lecture que l'auteur ne voulait pas me lâcher la main et j'avais envie de lui dire :"Laisse-moi gambader un peu et découvrir le monde toute seule. Tant pis si je ne regarde pas là où tu penses que c'est le plus beau."

En fait, cela me fait penser aux voyages organisés tels qu'on les faisait à l'ancienne. "Arrêtez-vous là. Extasiez-vous. Prenez des photos, on repart." Ce genre de tourisme ne m'a jamais attirée. Ça m'a évoqué aussi ces aires prévues en bord de route avec noté "panorama" ou "point de vue". J'en comprends l'utilité et pourtant, ça me donne toujours l'impression qu'on veut m'imposer la vision du beau, qu'un autre est passé avant moi, a dit "c'est là que c'est le mieux" et que des milliers de personnes sont passées depuis pour pousser les mêmes "oooooooh" d'admiration et prendre les mêmes photos. Ça ne m'empêche pas de trouver le paysage joli, mais je préfère trouver un petit coin rien qu'à moi ou mieux encore faire quelques heures de marche en montagne pour "gagner" mon joli paysage.

De la même façon l'Alchimiste n'est pas un livre qui m'a déplu, mais il m'a privée de mon effort d'interprétation et du plaisir qui en découle.


Un autre détail qui m'a gênée (mais là encore, c'est personnel), ce sont toutes ces allusions à Dieu. Métaphore ou réelle incitation à la foi ? Aucune des deux solutions ne m'agrée. Dans le deuxième cas, je ne suis pas "cliente", dans le premier, je trouve que c'est de la facilité.

À mon avis, il s'agit d'avantage de métaphore. L'auteur nous pousse à voir ce qu'il y a de commun dans toutes les religions et au-delà de ça, à voir l'Âme du monde. Le monde se nourrit des rêves de chacun et c'est cela qui en fait la grandeur. On purifie le monde tout en se purifiant soi-même. C'est toute l'image de l'alchimie et elle est bien rendue. Sauf que... régulièrement l'auteur en revient à nous dire que "le monde conspire" pour la réussite de nos projets. Et non, ce n'est pas vrai. Ça le sera pour certains et pas pour d'autres. Parfois la chance du débutant n'est pas là. Se réfugier derrière l'idée qu'une Main Invisible va toujours finir par nous venir en aide si on persévère, ce n'est pas dans mon état d'esprit.

Pour moi, il n'y a qu'une seule raison de recommencer cent fois si on a échoué 99, c'est juste qu'on ne finira jamais pas réussir si l'on essaie pas encore. Pour moi, renoncer revient à mourir, car vivre sans espoir n'est pas vivre. Je pense qu'il n'y a aucun besoin de se réfugier dans la foi ou de croire en l'existence d'une Main Invisible pour se relever chaque fois qu'on tombe. Je pense même que tenir bon en espérant un signe de la providence a toutes les chances de nous pousser à l'abandon. À part quelques chanceux, la plupart des gens verront autour d'eux des gens moins méritants réussir et des gens très vertueux encaisser des coups du sort qu'ils n'ont pas mérités. On me dira qu'il y a du bon dans chaque échec ou chaque épreuve, je dirai qu'il faut en parler à ceux qui ont perdu un enfant voire à ceux qui ont perdu tous leurs enfants dans un accident par exemple. Oui, à la longue, ils pourront toujours faire quelque chose de leur vie. Mais je ne sais pas si on pourra leur expliquer que la Main Invisible est bienveillante.

Je n'ai pas besoin d'avoir vécu ce genre de drame pour savoir que la vie n'est pas juste et qu'elle ne récompense pas toujours ceux qui font le plus d'efforts. Seulement la vie est comme elle est et on ne peut rien y changer, il nous faut donc essayer de tenir le coup et toujours chercher le meilleur, simplement parce que le pire vient, sans qu'on le lui ait demandé, et que c'est la seule solution pour encaisser tout ça.

Voilà pourquoi toutes ces allusions à la Providence et à la Bienveillance du monde envers les vertueux m'ont gênée : parce que je pense que celui qui part à la poursuite de ses rêves va vers de graves désillusions s'il s'attend à être aidé par une volonté extérieure à la sienne et que les désillusions conduisent à l'abandon.

Mais ne vous emballez pas, mon propos n'est pas de fustiger la religion. Je connais trop de croyants qui vivent bien leur foi pour ça. Seulement de trouver que l'auteur verse un peu dans la facilité en montrant que chaque épreuve du héros est contrebalancée par un "coup de chance" proportionnellement plus grand. Oui, cela arrive et oui, cela n'arrivera qu'à ceux qui n'abandonnent pas. Mais non, ça n'arrivera pas à tous les coups.


Et voilà que je me suis encore lancée dans une explication bien trop longue... Pfff. Pour la peine, je parlerais du fond demain.

J'ai des rêves sur le feu et ça ne se cuisine pas tout seul !

 

*edit*

La suite ici !

Partager cet article
Repost0
3 avril 2010 6 03 /04 /avril /2010 10:01

http://www.phenixweb.net/IMG/jpg/Fondation_Asimov.jpgVoilà déjà un petit moment que j'ai fini ce livre (la version intégrale chez Lunes d'encre) et que je repousse le moment de faire cette critique parce que je ne sais pas par quel bout la prendre. Je dois reconnaître qu'à part en lisant des anthologies (avouons que ça n'a vraiment rien à voir !) il m'est rarement arrivé en lisant un livre d'être aussi enthousiasmée parfois et blasée quelques pages plus loin.

J'ai eu un peu de mal à accrocher au début, ensuite, j'ai été emballée par la première moitié de "Fondation" (l'équivalent du tome 1) puis la deuxième moitié, bof. Je me suis prodigieusement ennuyée durant la partie avec Bel Riose dans le "tome 2" et j'ai adoré ensuite celle avec le Mulet. Le troisième tome a été plus constant. J'ai beaucoup aimé la première partie (la quête du Mulet) et assez bien accroché (même si moins) à la deuxième avec Arkady.

En bref, Fondation, c'est plusieurs histoires dans l'histoire et si le niveau de style reste constant, l'intérêt scénaristique l'est beaucoup moins (à mon goût, bien sûr).

La principale qualité de ce livre réside selon moi dans l'intelligence de son auteur et sa capacité à manier les révélations à rebondissements.

Le principal défaut en découle, c'est-à-dire que j'ai l'impression parfois que pour servir son histoire, l'auteur rend les personnages fades et mous, voire totalement inactifs. On me répondra que ce n'est pas toujours le cas et je suis bien d'accord. Ce sont les histoires où les personnages agissent et font preuve de talent personnel qui m'ont le plus accrochée. Et surtout le personnage d'Hardin ! Après lui, je dois reconnaître que tous les autres m'ont paru fadasses.

Autre http://s.excessif.com/mmdia/i/98/6/3938986bybpb.jpgdéfaut : les spoilers intégrés dans les petits extraits de L'Encyclopedia Galactica au début de chaque chapitre. Pour peu qu'on lise un peu entre les lignes, on peut en déduire beaucoup sur la fin du chapitre. En général, c'est cet aspect "tout est joué" qui m'a souvent gâché le plaisir (mais je développerai davantage dans la partie "avec spoilers").

En résumé, l'idée de Fondation m'est apparue (du haut de ma maigre expérience en SF) comme très originale et très bien développée. C'est la trame narrative qui m'a moins accrochée. Néanmoins, je conseillerais ce livre à tout lecteur éventuel. Il vaut vraiment la peine de s'en faire une opinion soi-même.

 

Mon avis avec Spoilers, maintenant :

Il y a beaucoup de choses que je ne peux pas dire sans prendre le risque d'en révéler trop à ceux qui n'auraient pas lu ce livre. Je préviens donc les aimables lecteurs : à partir de maintenant, plus de précautions particulières. Cette partie s'adresse davantage aux gens qui ont eux-mêmes lu l'oeuvre pour partager mon opinion avec eux (voire à ceux qui ne l'on pas lue et ne comptent pas le faire, mais qui seront contents de pouvoir faire semblant en lisant ces lignes).

Les spoilers de l'Encyclopédie : S'il y a une chose que j'apprécie dans un livre c'est qu'il y ait des révélations et surtout qu'on m'ait donné assez d'indices au fur et à mesure pour deviner le fin mot de l'histoire. Un petit reliquat de vanité sans doute, mais j'aime bien me triturer les méninges et anticiper le scénario. Ça a été un vrai plaisir de me consacrer à ce sport dans Fondation, avec une efficacité dont je suis assez fière. Hélas, s'il y a une chose que je n'aime pas c'est qu'on me prive de ma "victoire" en me mâchant le travail. Par exemple, j'ai découvert l'emplacement de la seconde Fondation très tôt dans l'histoire (bien que j'aie eu un doute avec l'autre possibilité évoquée par Darell à la fin de l'histoire) et j'ai apprécié de ne pas m'être trompée. En ce qui concerne le Mulet, par contre, j'ai été spoliée (et spoilée) de cette révélation dès qu'on annonce (en tout début d'histoire) que seule une jeune épouse a pu faire des révélations sur le Mulet. J'ai deviné de qui il s'agissait dès sa première apparition et au fil de l'histoire en lisant selon cette hypothèse, tout s'est enchaîné logiquement. Aurais-je pensé la même chose sans ce petit extrait d'encyclopédie ? Je ne sais pas et c'est ça qui me frustre.

De la même façon quand on annonce que la bataille de Quoriston fut la dernière bataille de l'Interrègne, on annonce presque que le plan Seldon va réussir. Parce qu'on a dû mal à croire ensuite au scénario d'une ère barbare pendant 30 000 ans qui ne donnerait lieu à aucune grande bataille (on pourrait me répondre que la période barbare étant privée de technologie les batailles seront forcément de moins grande ampleur, mais il en faudrait bien quelques-unes sur la fin pour assoir le nouvel empereur).

Donc voilà, tous ces éléments (ce ne sont que des exemples) m'ont un peu volé mon plaisir de lecture. Mais une fois de plus, il s'agit de mes goûts et de ce que j'aime trouver dans un livre. J'ai été d'autant plus déçue qu'il y avait les révélations et les cohérences nécessaires pour me donner exactement ce que j'aurais voulu et qu'un simple détail m'en a parfois privée.

 

Plus ennuyeux, l'alternance entre les personnages actifs et les personnages contemplatifs qui, pendant ma lecture m'a donné l'impression de tendre vers l'incohérence.

Les premières crises du plan Seldon sont censées avoir le pourcentage d'échec le plus faible. Or, il est montré que dans la situation que traverse Hardin personne ne soutient ses choix. C'est sur l'intelligence et le sang-froid d'un seul homme que repose la réussite du plan à deux reprises. Sachant que le Plan ne peut pas prendre en compte les individus, je trouve ça assez étrange. On résume cela par le fait qu'il n'a rien fait... Sauf bidouiller le vaisseau qu'il répare, aller sur Anacréon pour faire peser ses menaces, etc... Plein de petites actions qui mises bout à bout forment la trame générale. Un seul faux-pas et le Plan tombait.

Admettons que le Plan se soit basé sur le fait qu'il existe toujours des hommes intelligents et ambitieux, encore fallait-il qu'il y en ait un à la Mairie à ce moment-là précis et qu'il ne meurt pas d'un accident de la route pour être remplacé par son secrétaire qui avait beaucoup moins de sang-froid.

Plus tard par contre, le crise de Bel Riose se résout d'elle-même parce que tout revenait à dire qu'il ne pouvait pas en être autrement. Où est donc la situation de crise dont la sortie était censée être de plus en plus délicate ? Sans compter que le comportement de Bel Riose lui-même manque souvent de cohérence. Prendre par exemple un ennemi du régime comme conseiller principal, et surtout lui confier un prisonnier un peu louche... Moui, sans doute pour les surveiller avec des micros. On me dira que Bel Riose ignorait l'existence de dispositif de contre-espionnage (puis que l'Empire est en retard) mais je le trouve quand même bien naïf pour un grand général. Et tout ça au final pour quoi ? Rien. Cela ne sert même pas le scénario puisque la solution vient d'ailleurs.

Bon, je comprends le principe mathématique qui préside au scénario. Le taux d'échec croît de façon exponentiel puisque les très légères déviations du départ entraînent de gros écarts au final. Ce sur quoi je suis plus sceptique, c'est le taux de départ. Le personnage d'Hardin est pour moi un individu trop brillant pour que le Plan ait reposé sur lui dès le départ. Et voir son action résumée à "il n'a rien fait, le Plan se déroule tout seul" m'a gonflée. Alors le fait que l'auteur donne raison à ceux qui pensaient ainsi en faisant en effet que l'histoire de Bel Riose se résout d'elle-même ne m'a pas accrochée. Bon, là s'ajoute peut-être l'intervention invisible de la seconde fondation, mais le fait est que, sur le coup, ça m'a frustrée et lire 300 pages de personnages qui assistent à l'histoire sans la modifier pour en avoir ensuite seulement une possible explication, ce n'est pas mon truc.

Au final, je ne suis pas sûre qu'on puisse parler d'incohérences, c'est une fois encore plutôt le mode narratif qui n'est pas mon préféré. Comme si l'intelligence d'Hari Seldon (et à travers lui, de l'auteur) écrasait un peu tous les autres personnages en les réduisant au rang de témoins.

 

Mais au final, une lecture très agréable tout de même et un roman que je suis contente d'avoir lu. Ne serait-ce que pour la toute dernière révélation (les derniers mots en fait) que je n'avais pas vue venir et qui m'a beaucoup plu.http://multimedia.fnac.com/multimedia/images_produits/ZoomPE/6/3/5/9782070360536.jpg

Partager cet article
Repost0
22 mars 2010 1 22 /03 /mars /2010 18:42
Autre copié/collé d'un avis sur un forum. Pour remettre le contexte, ce livre a été (à juste titre) couvert d'éloges. J'ai donc divisé ma critique entre les plus et les moins pour introduire un peu de nuance :
Les moins :
-Un moins qui vient de moi. Je ne connais pas bien la mythologie celtique et donc, j'ai raté une bonne partie de la réécriture. Du coup, je suis passée à côté de la dédiabolisation. J'ai regretté la condamnation totale et sans appel d'Affang. Pour dédiaboliser complètement, j'aurais aimé qu'on en sache un peu plus sur ce qu'il devenait après son passage dans le chaudron, sa "purification."
Mais bon, j'ai conscience que ne connaissant pas les personnages d'origine, j'ai raté la maestria avec laquelle ils ont été retravaillés de façon à surprendre les lecteurs qui connaissaient leur version d'origine.
-Ce livre n'est pas rentable Evil or Very Mad
Diable ! Je me suis promenée avec des livres pendant des mois sans avancer et celui-là, je me suis dit "Juste un coup d'oeil pour me faire une idée" et je l'ai fini en 48h...
On n'a pas idée d'écrire aussi bien. Si tous les livres étaient comme ça, il me faudrait trente étagères de bouquins pour tenir une année ! :calimero:


Les plus donc, maintenant :
-Au début, j'ai eu peur justement d'un côté "méchant de père en fils" pour Affang. Et finalement, j'ai aimé l'évocation de son passé et du regard des autres qui l'avaient enfermé dans ce rôle pour lequel il était né. La Fantasy est souvent faite de héros tout beaux tout gentils et de méchants tout noirs. Et là, non. Kerridwen peut être égoïste. Elle l'est en voulant à tout prix sauver son époux. Elle se trompe en voulant faire des secrets aux siens. Son époux gambadent dans les bois pendant que son royaume se meurt. Ça en fait un héros imparfait aussi. Des gens comme vous et moi qui font des conneries par égoïsme, par ignorance ou par peur... Donc juste ce petit regret à la fin que l'amour de Kerridwen ne puisse guérir tous ses enfants. A part ça, je trouve que pour une histoire tirée de mythes très manichéens, l'auteur a bien réussi à se dédouaner du carcan, félicitations.
-Etant plus fan de fantastique que de Fantasy, j'ai beaucoup aimé les passages dans le présent. Les lettres aussi, parce qu'elles traduisent l'impuissance et l'abnégation de certains personnages face à cette menace disproportionnée.
-Les illustrations : La couv n'est pas forcément ma préférée (je préfère le jeu de couleur de celle de votre novella à paraître), mais les illustrations intérieures sont un vrai bonheur. Je me suis obligée à ne pas feuilleter le livre pour les découvrir au fil de l'histoire et elles s'accordent très bien avec ce style métaphorique qui fait naître des images féeriques dans notre esprit. Un salut particulier à l'illus de la page 122 :respect: :love: Et pour l'émotion de la page 163 (même si j'aurais vu cette illustration plus loin dans l'histoire)
-Le style donc, très imagée. Capable de nous faire passer de la tension, à l'émerveillement, au dégoût, à l'émotion en quelques lignes ;
-Le "culot" ^^ Il fallait oser un certain nombre de choses (au niveau de la réécriture déjà) mais aussi de certains passages de l'histoire. Je m'incline particulièrement devant tant de maestria pour décrire certaines choses sans aucune censure mais avec des images qui permettent d'éviter des mots crus tout en renforçant le rejet engendré.
-Le glossaire à la fin. Une très bonne idée qui permet de pallier à mon défaut de culture en matière de mythes celtiques. Il me faudra donc relire le livre dans quelques temps à la lumière de celui-ci.

Relecture que je ferai avec plaisir, ce qui est la meilleure façon de résumer mon sentiment sur ce roman.
Partager cet article
Repost0
22 mars 2010 1 22 /03 /mars /2010 18:36
Petit copié/collé d'un avis posté sur le forum de Griffe d'Encre au sujet de l'anthologie La Terre avec un petit mot sur chaque nouvelle :

Le plaidoyer de la terre,
Sébastien Gollut : Une bonne introduction pour donner le ton de l'anthologie. Un peu trop court pour moi.

Poussière de charbon, Graham Joyce traduit par Mélanie Fazi : Trop de questions pour pas assez de réponses. J’ai eu du mal au début à cause des constants flash-back qui ne sont pas accompagné d’un passé antérieur, comme si l’histoire était constante alors qu’elle fait des sauts et gambades dans le temps. Un style voulu par l’auteur ou par la traductrice ? Sans doute. Personnellement, ça m’a rendu le texte plus confus qu’autre chose au départ. Mais, après quelques pages, ça y est, j’étais accrochée. Je voulais connaître la suite, comprendre ces personnages et leurs liens. Finalement, je suis restée sur ma faim. Sans doute une volonté de l’auteur aussi. La vie nous laisse souvent sur notre faim, avec fcette impression d’inachevé, surtout dans les relations d’amitié brutalement brisée. C’est donc sans doute bien rendu, mais personnellement, ça m’a déçue.

Odeur des pluies de mon enfance, Timothée Rey : Je continue à faire mon enquiquineuse. Encore un texte qui ne m’a pas vraiment accrochée. Pourtant, c’est un auteur dont j’apprécie les écrits en temps normal, mais là, c’est trop long. J’ai adoré le titre. De suite un petit parfum de nostalgie aux relents de terre mouillée est venu fleurir dans mon esprit. Mais le monde est trop long à se mettre en place. En fait, je suis une lectrice assez flemmarde. Lire des pages de descriptions de monde aussi « didactiques » ce n’est déjà pas ma tasse de thé pour un roman, mais alors pour un univers que je vais quitter au bout de vingt pages… En fait, dans une nouvelle, j’ai tendance à préférer quand l’auteur se concentre essentiellement sur ce qui a trait à son histoire même et lui donne plus de profondeur. J’aurais préféré en savoir plus sur l’héroïne, sur ce que c’était que les pères probables, comment on vivait dans une ferme type comme la sienne, quels sentiments y étaient associés… que d’avoir des noms de lieux, de vent, de modes de transports… Question de goût sans doute, c’est ce qui fait que je ne suis pas très friande de nouvelle SF ou Fantasy, justement parce que l’auteur passe généralement plus de temps à décrire son monde qu’à développer son histoire.
Dommage parce que l’histoire elle-même est accrocheuse. On est immédiatement intrigué par le mystère qui se dégage de la quête de ce personnage, on veut en savoir plus et on s’égare un peu dans les allées de marchands et les groupuscules dont les noms s’enchaînent sans qu’on sache vraiment à quoi ils correspondent.

Humus Sapiens Cochard, 1917, Benoît Giuseppin : Un bon texte sur la cruelle innocence de l’enfance. La pureté devenue arme face à ce qui est impur. Un texte assez dur selon moi, mais qui m’a plu.

Mémoires de Terre,  Li-Cam : Mon premier coup de cœur ! Je dois admettre que le tout dernier paragraphe est pour moi un peu en trop. L’auteur nous a très bien fait entrer dans les sentiments de son personnage tout en subtilité, cette explication finale n’était pas nécessaire pour moi. Mais c’est anecdotique. Dès l’apparition de Franck, j’étais sous le charme, ferrée comme un poisson. Rien à dire de plus, ce colosse m’a remuée et je n’avais plus envie de le laisser partir.

Les veines de la terre,  Gabriel Féraud : Un texte horriblement dur, emprunt de cruauté. Au début, j’ai été intriguée, appréciant la façon dont l’auteur posait le monde justement parce que je ne suis pas toujours fan des mondes inventés (pour les raisons exposées plus haut) et que là, j’ai trouvé qu’il n’y avait pas de lourdeur. On apprend au fur et à mesure ce qu’on a besoin de savoir, ce qui sert l’histoire et nous permet de connaître ce personnage comme si on vivait avec lui. Ensuite, j’ai été frustrée par cette sensation d’enfermement et d’injustice, l’esclavage physique, mental, tout ce qu’il faut pour se sentir écœuré jusqu’à étouffement. J’avais envie de cogner, me disant « C’est pas crédible, on ne peut pas être aussi mesquin » et me répondant mentalement que, hélas, si, ceux qui se sentaient forts et supérieurs l’étaient souvent. Pour finir, j’ai été horrifiée. J’en ai encore des frissons.
Un texte magistral à mon sens.

Fata Organa,  Jeanne-A Debats : Alors là, j’ai pris mon sens critique à deux mains, bien décidée à ne pas aimer cette nouvelle qui semblait conduire à l’approbation générale. J’aime pas les consensus, je trouve ça louche. Du coup, me voilà moi-même en train de loucher sur ce texte, espérant trouver une virgule au moins à déplacer pour dire « Ah ! Ah ! Je le savais qu’il y avait des défauts. »
Puis triste et beurk, je dois me rendre à l’opinion générale (je déteste ça) : ce texte est excellent. Le style incisif m’a franchement fait me poiler, les détails qui vont bien et auxquels on ne songe pas forcément (le coup de la pilule par exemple)
Juste un petit regret sur la toute dernière phrase du Didier (sa formulation surtout) qui est un peu too much dans le genre incarnation du macho imbuvable. Mais je suppose que je n’ai pas dû fréquenter d’assez gros machos pour y reconnaître quelqu’un. Faut croire que, pour une corse, je reste chanceuse sur ce point ^^
Enfin bref, un excellent texte et vingt pages avalées comme s’il n’y en avait que quatre.

Dettes à honorer,  Réjane Durand : Un excellent texte, dur aussi. Certaines images m’ont énormément touchée (notamment celles qui brossent en quelques mots seulement les relations entre le frère et sa grande sœur). Le début réussit à nous dépeindre toute en subtilité l’héroïne et sait la rendre extrêmement attachante. Avec la même maîtrise, elle arrive à nous faire aimer en quelques lignes son retraité, ce qui rend la scène qui suit d’autant plus efficace (je choisis mes mots pour éviter les spoilers ^^).
Même si on se doute un peu de ce qui se trame derrière le texte, j’ai personnellement dévoré ses quelques pages en attendant de connaître l’enchaînement exact des événements.
Pour moi, un texte sur lequel il n’y a rien à redire.

Dans la terre,  Karim Berrouka : Cette fois-ci, je suis scotchée. Je connaissais l’auteur pour des textes au style plus alambiqué, à l’humour volontairement absurde et aux tournures de phrase inextricables. Un auteur de talent, j’en conviens, mais qui n’écrit pas dans le registre qui m’est le plus cher. Pourtant là, il m’a bluffée. Il faut dire que c’était prévisible. Avec des initiales comme KB, le monsieur ne pouvait qu’avoir la main verte. Mettez-lui une poignée de terre arable entre les mains et il vous fait… de la poésie !
Parce que pour moi, ce texte, c’est cela. De la véritable poésie en prose. Quelque chose dont mon pauvre petit cœur sensible et hormoneux de future maman* est ressorti tout chamboulé. Chaque mot est juste, chaque tournure engendre des images, des sentiments, un univers entier d’émotions… La plus belle nouvelle qu’il m’ait été donnée de lire depuis très très longtemps. Peut-être même ma nouvelle préférée tout court de toutes celles que j’ai pu lire jusqu’ici (à classer dans les « hors catégorie » avec La route de Léa Silhol).

Terre blanche, terre rouge,  Marie Barthelet : Magnifique nouvelle également. Un monde sublimement triste qui blesse le cœur, un espoir ténu de lumière… de la poésie encore. Il y en a décidément beaucoup dans ce recueil.
En tout cas, j’ai adoré. L’auteur a su faire naître des images, des sentiments, tout un univers profond brossé en quelques images perçues à travers les yeux d’une enfant déracinée dont l’espoir ne veut pas mourir. Un autre texte qui m’a remuée.

Le cadeau,  Robin Tecon : Encore un très beau texte emprunt de poésie. J’ai aimé l’originalité aussi, dans le sens où le thème est utilisé tout à fait différemment des autres textes. Pas d’écologie ou de terre vengeresse ici, mais la terre reste tout de même le véhicule des sentiments les plus profondément enracinés.

Réclusion,  Laëtitia Millet : Encore un très bon texte (décidément, je ne sais plus trop quoi dire moi :hum: ). La terre prison, la terre porteuse de vie et de renaissance, les deux aspects sont très bien rendus. Il en reste un sentiment étrange d’espoir dans le désespoir.

L’absente,  Sylvestre Sisco : Pour finir, une réflexion très intéressante sur la nature humaine et sa capacité à se laisser assister. J’ai beaucoup aimé. J’y ai perçu une sorte de critique sous-jacente de notre société de consommation : pensez pour moi, sans racine, sans profondeur, sans interrogation, je me sens bien tant qu’on pourvoie à mon confort immédiat. Forcément, ça remue une corde sensible en moi. Mais peut-être que j’ai affabulé et que cette critique n’est que le reflet de ce que moi, je voulais voir :tongue4:
En tout cas, ça m’a plu.

Au final, un bilan plus en dents de scie que pour Ouvre-toi. Aucun texte qui m’ait vraiment déplu, mais plusieurs au début qui n’ont pas réussi à m’accrocher. Ensuite, c’est de la poésie à l’état pur. Plusieurs textes m’ont profondément remuée et je les relirai sans doute plusieurs fois pour ne pas les oublier.
Je remercie tous les auteurs (et l’anthologiste) qui m’ont fait partagé un bout de chemin avec eux. Quelques pas dans la poussière de cette terre où je me sens si profondément enracinée (qui a dit que j’étais un végétal ? ! :mad: ) et qu’ils ont si bien réussi à faire vivre à travers cet ouvrage.

*Cette chronique datant d'un certain temps déjà, la "future maman" est devenue "maman" tout court entre temps.
Partager cet article
Repost0
16 mars 2010 2 16 /03 /mars /2010 10:33
Je ne me suis jamais considérée comme une féministe militante ou acharnée, mais je dois avouer que, parfois, quand je lis certaines phrases dans des romans, je ne peux m'empêcher de hausser un sourcil en constatant combien certaines idées préconçues se glissent dans le moindre recoin de notre inconscient.
Voici une de ces situations qui m'a faite tiquer aujourd'hui.
Je suis dans un chapitre de Fondation, d'Asimov. On y décrit une planète horriblement hostile où la lutte pour la survie est continuelle. Il y fait froid, les cultures sont difficiles... Après des années de commerce avec l'extérieur, cette planète s'est retrouvée isolée (suite à la chute de l'Empire Galactique) puis un jour, une autre planète est venue l'envahir et lui imposer des taxes. La situation a été tendue un temps : les paysans ont tenté de se révolter puis ont caché leurs récoltes et finalement, l'envahisseur a décidé d'abandonner l'exploitation d'une planète trop pauvre pour être enrichissante et s'est lancé dans une forme de commerce dont tout le monde est ressorti pas trop perdant. L'auteur explique alors que même si la planète colonisatrice n'offre pas de produits aussi performants que l'ancien Empire, elle apporte "des machines et de la nourriture qui valent mieux que le produit du cru". Et ensuite vient la phrase qui tue :
"(...)Sans oublier les vêtements pour les femmes. Pouvoir enfin porter autre chose que la grossière toile grise tissée à la maison, voilà qui constituait pour la société féminine rossenite une véritable révolution."
Alors peut-être que la plupart d'entre vous ne goûteront pas le machisme sublime de cette phrase, mais pour ma part, il m'a proprement faite halluciner.
Tout d'abord, à travers les différentes cultures, les femmes n'ont pas toujours été le sexe le plus attaché à la frivolité et à la coquetterie. Il est des cultures dans lesquelles ce sont les hommes qui se paraient le plus et d'autres où la femme n'était qu'un objet voué à prouver la réussite de l'homme, raison pour laquelle on la parait comme on tune une voiture. Ensuite, quand la disette fait rage et que Madame se demande toute la journée avec quoi faire bouillir la marmite, non, elle ne va pas trouver "révolutionnaire" de s'offrir une nouvelle garde-robes. La phrase sous-entend que l'homme se soucie de l'essentiel, la nourriture et les machines pour faire de l'exploitation (et donc survivre) et Bobonne, en bonne frivole qu'elle est, se pame devant les fanfreluches.
On est dans de la SF, là. On parle de mondes complètement différents des nôtres où l'on n'a pas forcément élevé les femmes dès leur plus jeune âge à être des objets décoratifs. Pourquoi seraient-elles les seules, forcément, à se laisser émouvoir par les dentelles ? Si ces vêtements sont plus confortables, ils siéront tout autant aux hommes. S'ils permettent de faire étalage de sa réussite également ; ou bien considère-t-on que la vanité est aussi une caractéristique propre à la femme ?

Allez hop, je m'arrête là parce que sinon, je vais paraître bien plus énervée que je ne le suis. Ce qui ne serait pas difficile puisque je ne suis pas énervée, juste un peu consternée. Je me dis que le sexisme bien visible et assumé des blagues sur les blondes sape sans doute beaucoup moins l'égalité homme/femme que ce genre de petites idées ; ces préjugés tout bêtes qui sourdent jusque dans des romans de SF censés se passer très loin de notre réalité. Faudrait voir à se libérer de quelques préjugés collants, parfois.
Partager cet article
Repost0
16 mars 2010 2 16 /03 /mars /2010 09:09
Depuis que j'ai rédigé ma critique, je suis allée jeter quelques coups d'oeil sur d'autres billets rédigés sur ce film (je n'avais que survolé les notes jusqu'ici pour ne pas risquer de spoiler) et un certain nombre de commentaires m'ont interpelée.

Un commentaire qu'on entend souvent :
"Cela m'a fait réaliser qu'il fallait profiter de chaque moment de la vie" : c'est vrai. C'est un message dont je n'ai pas beaucoup parlé parce qu'il est tellement ancré en moi que ça ne m'a rien appris de nouveau. Mais je trouve que tout film qui rappelle le prix de l'existence à ses spectateurs est une réussite. Je reproche à ce film de ne pas aller jusqu'au bout (pour les raisons que j'ai évoquées dans mon article précédent) et de se laisser rattraper par ce bon vieux réflexe du "défaitisme raisonnable" : "brisons aujourd'hui ce qui risque de se briser demain". Mais il est vrai que le message n'en est pas altéré pour la majorité du public et c'est une bonne chose.

Une autre idée qui a pas mal marqué les spectateurs c'est celle qui consiste à dire que c'est parce que les gens meurent qu'on comprend combien ils nous étaient chers. C'est très vrai... hélas ! Cela vaut aussi pour les gens qu'on perd autrement. La banalité dans le couple naît de là, entre autres. Aimer l'autre de cette forme d'amour indispensable qui fait qu'on ne prend plus conscience de sa présence. Comme un organe qui fonctionne bien. On ne pense jamais à louer le bon fonctionnement de notre foie ; mais le jour où il se met à aller de travers... De la même façon, on prend l'habitude d'avoir son conjoint/paxé/concubin près de soi et il nous devient même parfois indispensable, mais, sans s'en rendre compte, on le traite avec aussi peu de considération que notre pauvre foie qui fonctionne bien. Vient un jour où lui/elle se sent délaissé, ou bien un jour où l'instinct de la chasse et le désir de l'inconnu nous pousse vers quelqu'un d'autre et c'est seulement une fois qu'il est trop tard qu'on se rend compte qu'on a perdu quelque chose d'essentiel auquel on ne faisait plus attention (ce qui ne veut pas dire que les séparations sont toujours mauvaises, mais parfois...).
Souvent, on se laisse pourrir la vie par des détails ou on tient rancune aux gens que l'on aime pour des broutilles, simplement parce qu'on pense qu'il y aura toujours un lendemain pour que les choses s'arrangent. Quand on a conscience de la précarité de ce "lendemain" (avec les gens âgés ou gravement malades) on se montre plus patient ou plus tolérant. Mais ce qu'on ne réalise pas c'est que "demain" est un concept aléatoire pour chaque être humain, qu'il soit vieux ou jeune, malade ou bien portant.
Le miracle de la vie est une chose dont on ne prend en général conscience que quand on est mis face à sa fragilité et c'est une expérience qu'on peut difficilement partager avec ceux qui ne l'ont pas vécue.
Les films ont parfois cette vertu : celle d'enrichir notre âme d'une façon un peu semblable à ce que les épreuves de la vie peuvent nous apporter. L'apprentissage sera moins profond, parce que la blessure est moins profonde, mais ce sera toujours ça de pris (je pense d'ailleurs que je ferai un jour un article sur : "Pourquoi lit-on/écrit-on des choses qui nous font du mal ?")

Un commentaire qui m'a par contre complètement prise de court est celui d'une internaute qui disait que l'idée de vivre sa vie à l'envers pouvait paraître séduisante de prime abord. Elle disait ensuite qu'en voyant le film, on déchantait, mais je dois admettre que je n'ai même pas compris qu'on puisse penser un instant que la chose soit plaisante.
Il y a d'abord le poids de la différence. C'est très bien montré dans le film et c'est sans doute là-dessus que l'insistance est la plus importante, je ne m'y attarderai donc pas.
Mais il y a quelque chose de bien plus essentiel, quelque chose qui me fait dire de temps en temps que la nature est bien faite.
La mort est une chose avec laquelle chacun d'entre nous doit composer et ce n'est pas une éventualité qui nous réjouit. Avec l'âge, on se sent plus usé, plus fatigué, les nouvelles expériences sont sources d'angoisse parce qu'on ne se sent plus en état physique de les assumer... Je ne parle pas là des jeunes seniors, ceux qui sont peut-être en train de me lire et se disent "Non mais est-ce qu'elle est en train de nous dire qu'on est devenus de vieux croutons ?" Je parle des gens dont la santé est devenue si précaire qu'ils n'éprouvent plus la même peur face à la mort. Ils vivent dans leurs souvenirs, regardent ce qu'ils ont laissé derrière eux, ont envie de se reposer... Idéalement, c'est à cet âge-là que la mort est censée nous prendre (hélas, ce n'est pas toujours le cas). Quand on a bien vécu, que la vie nous a tellement usé qu'on a envie de "laisser filer".
À mon sens, c'est un des messages les plus forts de ce film : montrer à quel point la mort fait partie intégrante de la vie. C'est parce que des gens âgés meurent dans la vieille pension qu'il en vient de nouveaux, avec leurs nouvelles expériences qui vous apprennent de nouvelles choses... C'est parce qu'on sait que les gens meurent qu'on réalise le prix de leur existence... C'est parce que la vie s'achèvera un jour qu'il nous faut profiter de chaque instant.

C'est pour ce message-là que je conseille à tous ceux qui n'ont pas vu ce film (si si, il en existe, j'en ai même rencontrés) d'aller le voir. Après seulement, vous pourrez aller lire ma critique pleine de spoilers et débattre éventuellement des petits détails qui restent, somme toute, sans importance.
Partager cet article
Repost0

Profil

  • isa
  • Isa, jeune auteur qui parle beaucoup avec les doigts (avatar ©Luis Royo)
  • Isa, jeune auteur qui parle beaucoup avec les doigts (avatar ©Luis Royo)

Paru !

http://www.griffedencre.fr/IMG/cache-200x307/PC_200-200x307.jpgMa première novella est enfin parue !

Vous pouvez découvrir un extrait en ligne.

Disponible en librairie près de chez vous ? Cliquez ici pour le savoir.

Vous pouvez aussi le commander en ligne sur le site de l'éditeur, Amazon et Fnac.com.

Les premiers avis ici !

Un Article En Particulier ?

Archives