Parfois, on a un AT super important sur lequel on voudrait travailler. Cela peut être (prenons un exemple tout à fait au hasard) dans un genre où on n'a jamais écrit, mais où l'anthologiste a su, lors de l'appel à textes, faire vibrer une corde sensible en nous. Et là, au lieu d'écrire, on se lance dans une réflexion interminable qui nécessiterait des heures et des heures de discussion (celle-là, pour prendre un autre exemple tout à fait au hasard). Et dans ce cas, qu'est-ce qu'on fait ? Ben, on n'écrit pas.
Puisque je parlais hier des vertus de Cocyclics et du travail de groupe, aborder la question de la motivation d'un auteur me paraît tout à fait adapté. L'homme est une bestiole qui réagit assez fortement à l'émulation. Mettez-en une poignée dans un shaker, remuez bien, ça fera de la mousse sur laquelle devraient surnager plein de jolies idées. Sans parler de projets communs, à titre individuel, l'être humain a besoin d'être stimulé. L'intérêt des forums, en dehors de la possibilité d'échanger des infos et de créer des ateliers d'écriture a souvent été de créer cette saine camaraderie entre "rivaux" (je dis ça sans ironie, les auteurs étant bien souvent des lecteurs aussi, et la solidarité étant bien plus souvent de mise entre jeunes auteurs que les coups bas*).
Mais parfois, vous êtes un(e) solitaire. Vous pouvez (autre exemple au hasard) avoir passé votre bac en candidat libre parce que l'école vous pompait l'air ; avoir peu fréquenté les bancs de votre fac et bien plus ceux de la bibliothèque pour préparer vos cours vous-mêmes (non que vous trouviez vos profs incompétents, juste que vous aimiez travailler à votre rythme qui ne s'accordait pas forcément à celui des autres élèves). Bref, vous pouvez être un autodidacte. Pour écrire, je verrais plutôt ça comme une vertu, sauf que bon, la motivation parfois s'échappe. Au début, vous vous imaginiez Stephen King à la place de Stephen King : grande maison, plein de thunes, des millions d'exemplaires vendus... Puis vous avez vite compris que... ben non, quoi ^^ Pas dans cette vie, pas en France, pas dans les littératures de l'Imaginaire. Alors la motivation, comment on la trouve quand on ne sait pas profiter de la saine émulation entre camarades (chez moi, fréquenter trop un forum donne rapidement un raisonnement du type :"Ben si tous les autres ont une histoire à écrire, qu'est-ce que la mienne va apporter de plus à la littérature ?" et c'est seulement une fois que je suis seule que je me rappelle qu'elle n'apportera rien, mais que j'ai envie de l'écrire parce que c'est la mienne) ?
L'envie est là, les idées aussi, la passion toujours, ce qui manque c'est la capacité de s'assoir et de poser les mots, le premiers. On sait qu'à la fin on en retirera du plaisir, on sait qu'on n'aime rien autant que d'écrire, mais tant de choses nous appellent...
Et là, en quelques sortes, j'ai trouvé la réponse dans les méthodes ABA destinées à mon fils autiste : la récompense. Elle peut différer pour chacun, mais le principe c'est que si une activité vous bouffe du temps (allez, tout à fait au hasard : lancer des réflexions sur le net et tenter de participer au débat que vous avez vous-même lancé), vous vous interdisez cette activité tant que vous n'avez pas écrit au moins x signes (restez dans la limite du raisonnable selon vos chiffres habituels). Rapidement, vous vous rendrez compte que ce qui aurait pu disperser votre attention vous force à la recentrer.
Depuis plusieurs jours, j'ai ainsi une idée de texte mais pas moyen de pondre les premières lignes. Ce matin, je me suis dit "Je n'allume pas le PC (le gros, celui qui est connecté au net) tant que je n'ai pas fait 2000 signes". J'en ai fait 6000 une fois lancée, malgré mon fils qui est venu toutes les trois minutes (sans exagération, je me suis interrompue une trentaine de fois) me prendre la main pour que je lui donne ceci ou cela, en bref, parce que ça l'enquiquinait de voir que je faisais autre chose que m'occuper de lui.
Méthode miracle ? Non. Ça marche pour moi, c'est tout. À l'origine, c'est plutôt un truc pour faire progresser les autistes. Mais bon, les chiens ne font pas des chats ^^
(Et là, je vous laisse, je me dois 5000 signes avant de rallumer le PC)
*N'écoutez donc pas votre chère maman qui, persuadée que vous êtes un(e) génie va vous répéter mille fois par jour de ne surtout montrer vos écrits à personne, JAMAIS, sans quoi vous vous les feriez sans aucun doute voler.