Quand j'ai lu le recueil de Mélanie Fazi, Serpentine, je me rappelle m'être dit que, pour toute élogieuse qu'elle soit, la préface de cet ouvrage n'était pas celle que j'aurais souhaité avoir pour un livre que j'aurais écrit. Cet ami de l'auteur, lui-même auteur, dressait à sa plume un tel monument que je me suis dit que cela rendrait forcément le lecteur d'autant plus exigeant. Fort heureusement pour Mélanie Fazi, sa prose (qui est si proche de la poésie que je ne suis pas sûre que le terme de "prose" soit adapté) était à la hauteur de l'éloge. Néanmoins, cela m'a interpelée en tant qu'auteur et je me suis dit que jamais je ne ferai rédiger une préface par un ami, de peur de ne pas être à la hauteur de ce qu'il annonce.
Quand j'ai appris que Maître Mô ferait la postface de mon livre, j'ai été très... honorée, serait le terme, je crois. C'est une personne dont j'apprécie l'esprit parfois cynique, souvent critique, mais toujours humain et juste. Pourtant, malgré toute mon estime pour lui, je ne peux le considérer comme un "ami" puisque je ne le connais pas personnellement. Je n'avais donc pas à craindre un long éloge qui, en toute amitié, me taillerait un costume pour lequel mes épaules ne seraient pas assez larges. Je m'attendais en fait à une postface où le sieur avocat parlerait surtout de son blog, de la façon dont il était, sans l'avoir prémédité, à l'origine de cet ouvrage et où il parlerait de la raison d'être de ses billets. C'était sans compter sur sa capacité d'écouter les autres et de parler d'eux plus que de lui-même. J'aurais dû m'en douter en parcourant son blog et pourtant... Je ne m'attendais pas à être aussi surprise et surtout aussi touchée par ce qu'il dirait de moi et de mon histoire. Je ne peux que louer Griffe d'Encre de lui avoir demandé une postface et non une préface, parce que je pense que j'aurais été totalement incapable d'assumer ce qu'il dit si le lecteur en avait pris connaissance avant de se plonger dans ma prose.
La découverte de cette postface restera, avec un certain nombre de réactions de bêta lecteurs, un des moments magiques de la conception de cette novella. J'en remercie son auteur et tient à lui dire, si jamais il passait sur ses pages, que c'est lui le premier qui m'a guidée sur un chemin que je n'aurais jamais pris sans lui. Et s'il reste quelques écorchures après ce long périple, elles sont sans commune mesure avec tout ce que j'y ai moi-même gagné.
En espérant qu'un peu de tout cela touchera à son tour le lecteur...